dimanche 15 juillet 2007

Actions de solidarité avec les grévistes de la SAQ

Des membres de la NEFAC ont organisé des actions directes de solidarité avec les grévistes de la Société des alcools du Québec (SAQ) à Montréal et Québec ce week-end. Voici un bref compte-rendu.

À MONTRÉAL

Vendredi le 10 décembre dernier, un petit groupe de militant-e-s de la NEFAC-Mtl et quelques autres libertaires ont rendu visite aux grévistes de la SAQ qui avait établi une ligne de piquetage devant la succursale située au coin des rues Beaubien et St-Hubert.

Après avoir parlé brièvement aux grévistes (qui étaient très content-e-s d'avoir un appui), nous sommes entré-e-s dans le magasin pour entreprendre des actions rigolotes. Nous avons rempli des paniers avec des dizaines de bouteilles, changé l'emplacement des produits et joué aux autos tamponneuses avec certains clients "yuppies". Curieusement, une odeur de mouffette s'est aussi répandue dans le magasin durant notre passage...

En arrivant aux caisses, voyant le prix faramineux que tout cet alcool nous aurait coûté (500$ et +), nous avons demandé des rabais. Notre raisonnement fut que si la SAQ veut flexibiliser le travail de ses employé-e-s, nous pouvions, comme client-e-s, aussi profiter d'un prix plus flexible. Évidemment, les cadres-scabs qui remplacent les employé-e-s aux caisses n'ont pas suivi notre logique et la sécurité a été appelée pour nous expulser du magasin.

Une fois dehors, nous avons distribué des tracts (voir le pdf) appelant les client-e-s à faire preuve d'une "solidarité qui pourrait abréger le conflit". Des copies de notre journal, Cause Commune, ont été distribuées aux grévistes qui disaient avoir "chaud au coeur" d'être appuyés de la sorte. Avant de partir, avec l'odeur de mouffette qui sortait du magasin et qui nous passait sous le nez, un gréviste a mentionné, en blaguant bien sûr, "qu'un vent de changement soufflait sur la SAQ"!

*Nous sommes retourné à la même succursale le vendredi suivant et on s'est fait expulser par l'escouade tactique (cliquez pour lire le compte-rendu).*

À QUÉBEC

Nos actions rigolotes initialement prévues pour le samedi 12 à midi ont dû être reportées au dimanche 13 décembre en raison d'une importante tempête de neige. Nous avions décidé de visiter l'une des succursales de la SAQ ouverte dans la région, située dans le quartier St-Roch en basse-ville, pour y mener sensiblement le même type d'action qu'à Montréal. Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons constaté qu'il n'y avait aucun piquetage dimanche après-midi!

Qu'à cela ne tienne, nous avons décidé d'y aller quand même. Nous sommes entrés en équipes et nous avons fait de «grosses emplettes» (plusieurs milliers de dollars au total). C'était assez déprimant de voir l'énorme quantité de client-e-s peinard-e-s en train d'acheter de l'alcool par caisses entières. Arrivés aux caisses, nous nous sommes informés du déroulement du conflit et pourquoi il n'y avait pas de piquetage. On nous a expliqué qu'au lieu de «niaiser» à dix devant une succursale, 150 grévistes étaient en ce moment au SAQ-Dépôt pour tenter de le bloquer complètement. Fuck! Nous avons fait rapidement notre boniment comme quoi il fallait que les clientEs se montrent solidaires et que nous boycottions la SAQ en laissant nos paniers là. Nous avons été expulsés après avoir passé quelques tracts. Sans surprise, les gardiens de sécurité ont semblé être peu impressionnés par notre appel à la solidarité de classe (ils sont syndiqués chez les métallos)...

À la sortie, nous avons décidé d'aller voir à la SAQ-Dépôt. Quand nous sommes arrivés, il était trop tard, la manif était finie et il ne restait qu'une dizaine de grévistes entasséEs dans un fort de neige à l'entrée. Nous sommes aller leur parler pour leur dire que nous étions solidaires, leur raconter nos petites actions à Montréal et Québec et leur donner un tract et une copie de Cause commune chacun. La réception fut très bonne. À leur demande, nous avons laissé un tract sur les pare-brises de toutes les voitures dans le stationnement (et il y en avait!).

Nous ne nous faisons aucune illusion, ni sur le caractère de la lutte, ni sur la portée de nos actions. Pourtant, nous croyons que toutes deux sont importantes. La grève des employéEs de la SAQ n'est pas révolutionnaire, ni même radicale. Ce n'est qu'une lutte syndicale pour défendre des conditions de travail décentes, sans plus. Mais justement, n'est-ce pas la base de la lutte de classe? Cette lutte nous apparaît importante parce que les grévistes luttent contre la précarité, véritable fléau, et pour améliorer leurs conditions dans un contexte idéologique difficile. En soit, il s'agit d'une rupture dans un climat social fait de passivité. Pour ce qui est de nos actions, il s'agit d'une goutte d'eau dans l'océan de l'indifférence sociale et d'une bien légère perturbation de la SAQ. Les grévistes, sur leurs propres bases, sont capables de beaucoup plus de perturbations et le prouvent quotidiennement. Pourtant, nous jugeons qu'il est vital de se montrer solidaires et de se mouiller, précisément à cause du contexte idéologique défavorable et de l'indifférence généralisée. De plus, il ne faut pas sous-estimer l'effet psychologique d'un appui extérieur --à la grève et au mouvement syndical-- sur «le moral des troupes». Nous osons espérer que ces actions puissent servir d'exemple et faire tache d'huile. Nous avons bien l'intention de récidiver si le conflit perdure...

En dehors des grandes mobilisations spectaculaires, il nous semble que ce type d'action, dans les quartiers et sur les lieux de travail, devrait constituer le quotidien d'une organisation révolutionnaire anarchiste. À l'étape actuelle, le développement de la NEFAC ne permet pas d'aller beaucoup plus loin. Produire un journal et des affiches, coordonner de petites actions directes, participer à des regroupements plus larges comme la CLAC. C'est ce que nous pouvons faire actuellement. Plus nous serons nombreux et nombreuses à nous organiser, plus nous pourrons mener d'actions de ce type.

(décembre 2004)

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