vendredi 30 novembre 2007

AbitibiBowater en danger?

Ce matin, les médias bourgeois de notre belle province nous annoncent sèchement la fermeture de plusieurs usines appartenant à AbitibiBowater, causant la perte d'emploi de 2000 travailleuSEs. Normalement, les discours des relations publiques des compagnies fautives sont biens huilés et on nous sert quelque chose comme "compagnie dans le trou, raisons de survie, etc.". Toutefois, AbitibiBowater a eu le malheur d'être honnête. Les raisons apportées ne sauraient être plus claire et proviennent directement de leur porte parole qui fut passé en entrevue ce matin:

-Compagnie dans une mauvaise passe financière;
-AbitibiBowater n'est pas déficitaire, mais aimerait avoir un meilleur bilan financier;
-La force du dollar canadien et
-Le coût soit-disant élevé de la fibre québécoise.

Compagnie dans une mauvaise passe financière? Que pense-t-on alors des 2000 personnes qui auront maintenant à vivre du filet social étatique qui ne cesse d'être attaqué par ces mêmes intérêts économiques? Vont-elles pouvoir se dire, je vais arrêter dorénavant de payer mes impôts, mon loyer/hypothèque, mon gaz, comme ça je vais redresser ma situation financière? Bien sûr que non, les prolos gobent la pilule et vont de l'avant, comme toujours. D'un côté, les uns veulent une meilleure santé financière, de l'autre, on tentera de limiter les dégâts, de survivre comme on commence à en avoir l'habitude.

Finalement, l'entrevue avec le type d'AbitibiBowater se termine avec un constat troublant: "il va falloir qu'on s'assoie avec les employéEs". Que veulent-ils? Encore une fois baisser les conditions de travail des salariéEs qui restent à leur emploi. On voit de suite les arguments de l'administration poindre: c'est ça ou bien vous avez vu ce qui s'est produit avec les gens qui doivent se chercher du travail maintenant, capish? Tout ça pourquoi? Pour de meilleurs bilans financiers.

jeudi 29 novembre 2007

La police attaque et arrête des manifestant-es anti-racistes

DERNIÈRE HEURE
MONTRÉAl, mercredi le 28 novembre 07

La police attaque et arrête des manifestant-es anti-racistes et pour les droits des immigrants lors de la Commission Bouchard-Taylor.

Mardi soir, au moins 75 manifestant-es se sont rassemblés dans le hall du Palais des Congrès de Montréal, et se sont ensuite déplacés au 5ème étage, près de la salle où se tenait la Commission.

Les participant-es de la Commission, quelques 190 personnes, ont donc bien pu entendre lamanifestation. Après plus de 90 minutes de manifestation à l'extérieur de l'audience,au moins vingt policiers ont fait leur entrée pour tenter d'expulserles manifestant-es.

Le rassemblement est donc retourné aurez-de-chaussée du Palais des Congrès, là où la sécurité avait auparavant dit qu'elle permettrait la tenue du rassemblement sans problème. Toutefois, un avis d'expulsion a été lu, et les manifestant-es ont décidé de quitter les lieux.

Pendant que les gens ramassaient leurs affaires et partaient, la police a attaqué sans raison la foule, et a ciblé des individus qui ont été arrêtés par la suite. Durant l'attaque de la police, des agents ont poussé, matraqué et frappé les manifestant-es. Plusieurs policiers avaient aussi sorti leur Taser. Au sein de ce rassemblement, on dénombrait de jeunes enfants et des personnes âgées. Ces dernières ont également subi les coups de la police.

Ironiquement, un des agents présents, qui ne portait pas son nom sur lui, s'est identifié comme étant l'agent Stante. Quand quelqu'un lui a demandé si c'était bien Giovanni Stante, qui avait été impliqué dans l'assassinat de Jean-Pierre Lizotte en 1999, il a répondu oui.

Pourplus d'info sur ce cas: http://www.ainfos.ca/02/aug/ainfos00058.html

Pendant la tribune publique à l'extérieur de la Commission, des manifestant-es ont discuté d'enjeux concrets tels que la pauvreté, la brutalité policière, le racisme, le système d'immigration, et d'autres encore, à travers des discours, de la musique et de la poésie.

Pour des photos et des nouvelles des lignes de piquetage de la Commission, visitez le site http://nooneisillegal-montreal.blogspot.com dans les prochains jours.

Le collectif Personne n'est illégal et ses allié-es refusent de sel aisser intimider par la violence policière, et retourneront à la Commission Bouchard-Taylor ce jeudi pour une autre ligne de piquetage et tribune publique. La manifestation débutera à 18h30 au Palais des Congrès de Montréal, au coin des rues Viger et Bleury (près du métro Place d'Armes).

Pour plus d'information : Personne n'est illégal-Montréal
514-848-7583
http://nooneisillegal-montreal.blogspot.com

mercredi 28 novembre 2007

Des crucifix tâchés de sang

Quand on entend parler de travailleurs et de travailleuses exploités dans des ateliers de misère, on pense habituellement aux compagnies habituelles, telles que Gap, Nike, ect. Eh bien, il faut maintenant ajouter à cette triste liste...des églises.

Dans un rapport intitulé Today Workers Bear the Cross, le 20 novembre dernier, le National Labor Committee (organisme américain voué à la défense des droits des travailleurs et travailleuses à travers le monde), a mis au jour le cas de travailleuses qui sont exploitées (à l’usine Junxingyeen en Chine) pour confectionner des crucifix, pour le compte de deux églises de New York (la Trinity Church et la Saint-Patrick's Cathedral) et aussi pour l'Association for Christian Retail.

Ces travailleuses travaillent dans des conditions exécrables et révoltantes. Elles sont forcées de travailler 15 heures et demie par jour, de 8h00 à 23h00, et ce sept jours par semaine, sans aucun congé (même pas pour cause de maternité). Ce qui totalise plus de 100 heures de travail par semaine. Elles gagnent un salaire de 2,12 $ par jour (10,61 $ par semaine). Ce qui est bien en deçà du seuil du salaire minimum en Chine. Si l’on enlève ce qu’elles doivent payer pour leur nourriture et leur logement (les piètres dortoirs fournis par la compagnie), leur salaire s’élève à 9 cents de l’heure.

Lorsque les crucifix doivent être expédiés aux États-Unis, elles doivent faire des heures supplémentaire, de l’ordre de 22 heures ½ à 25 heures (de 8h00 jusqu’à 6h30 ou 9h00 le lendemain matin).

À ces horreurs s’ajoutent leurs conditions d’hébergement qui ne sont guère plus reluisantes. Elles dorment sur dans des dortoirs où les inconfortables lits de métal côtoient les toiles d’araignées. Les salles de bain sont dégoûtantes, due à la mousse présente sur le plancher. Elles sont également sous-alimentées. La nourriture est décrite comme étant «terrible»; la soupe n’est que de l’eau, avec quelques légumes et de l’huile. Et dans le supposé «plat de viande», les morceaux sont tellement petits qu’elles ne sont pas capables de les prendre avec leurs baguettes.

Les travailleuses craignent également les effets nocifs des produits chimiques qu’elles utilisent pour confectionner les crucifix. Ceux-ci leur causent des irritations aux yeux et à la peau. Et ces dernières ne sont pas autorisées à savoir la nature des produits qu’elles utilisent.

Suite à la publication de ce rapport, les deux églises concernées ont retirés les crucifix confectionnés par les travailleuses exploitées et elles feront enquête. Mais si ce rapport n’aurait pas vu le jour, je suis certaine que cette exploitation aurait continuée. Encore. Et encore….

Je laisse le mot de la fin à la déclaration d’une travailleuse, après avoir travaillé pendant 19 heures :
“Jesus, take pity on me! I’m going to die of exhaustion.”
Pour lire le rapport du National Labor Committee (en anglais, avec photos avec l'appui): http://www.nlcnet.org/article.php?id=479.

mardi 27 novembre 2007

TVA sera encore plus poche...

D'après le syndicat, Quebecor a décidé de couper 15 postes à TVA-Québec. Selon eux, c'est un «nouveau coup dur pour l'information locale dans la région de Québec». Par un bizarre de tour de passe-passe, le télédiffuseur veut abolir 15 temps pleins et, en échange, afficher 9 postes vacants, dont 6 à temps partiel, et créer 5 nouveaux postes. Au total, selon le syndicat 113 heures de travail par semaine sont perdues avec cette réorganisation. Officiellement, c'est le contre-coup de la disparition de l'émission «La vie à Québec» mais c'est pire que ça selon le syndicat: «La montréalisation des ondes se poursuit et s'accélère, c'est intolérable». La «qualité» risque d'en prendre pour son rhume. Selon le SCFP, plusieurs postes de monteurs et de caméramans disparaissent et Quebecor crée des nouveaux postes de journalistes-vidéastes et de journalistes-monteurs.

Bon, je ne sais pas pour vous mais j'ai beaucoup de difficulté à me fouetter les sangs avec ça. Tout ce que ça veut dire c'est que TVA sera encore plus poche. Est-ce un drame? Non. Juste la poursuite d'une longue pente descendante. Jusqu'à maintenant, les «artisans» de TVA-Québec ne m'ont pas convaincu qu'ils voulaient, ni même qu'ils pouvaient, faire de l'information un tant soit peu critique. Les autres grosses télés n'ont plus d'ailleurs!

Pendant ce temps en Ontario...

Un nouveau journal anarchiste, Linchpin, vient de voir le jour en Ontario. Il s'agit d'un joli magasine d'agitation de huit pages publié par nos camarades de la nouvelle fédération anarchiste Common cause.

Pour l'instant, le journal n'est qu'un pdf disponible sur leur site web [le site, le pdf] mais, rapidement, les camarades veulent en distribuer des milliers. L'ambition des éditeurs de Linchpinch est de développer un journalisme anarchiste portant sur les luttes sociales et politiques se déroulant en Ontario, ce qui semble assez réussi à la lecture de ce premier numéro. On retrouve au sommaire de l'édition de novembre des articles d'agitation politique (sur le «deux poids, deux mesures» de la justice bourgeoise, sur l'Afghanistan, sur les revendications territoriales des premières nations), une entrevue avec un syndicaliste (sur la dérive des TCA), un texte d'intro à l'anarchisme, une page culturelle, etc. À lire, donc (d'ailleurs, pour ceux et celles qui n'aiment pas les pdf, il y a, au milieu de cette page, un sommaire des textes en HTML).

Common cause

La fédération Common cause est toute récente, elle n'a été fondée que le 29 septembre dernier. Contrairement à ce que certainEs pourraient penser, il ne s'agit pas d'un 'front' de la NEFAC mais d'un groupe autonome.

L'initiative de la nouvelle fédération est venue de la jonction des derniers membres et sympathisantEs de la NEFAC en Ontario avec une poignée d'immigrantEs d'origine irlandaise ayant milité dans le Worker's solidarity movement (WSM). Concrètement, la NEFAC avait «fermé les livres» en Ontario et était dormante. C'est l'arrivée de «sang neuf» qui a relancé les débats sur l'organisation.

Plutôt que de réactiver la NEFAC, qui n'a jamais vraiment décollée en dehors de Toronto (et même là!), les camarades ont décidés de lancer un processus beaucoup plus large pour fonder une fédération anarchiste ontarienne. Ce fut apparemment une très bonne idée parce qu'une tournée de conférences sur le thème «construire un anarchisme populaire» les a amené dans une demi-douzaine de villes et leur a permis de recruter quelques dizaines de sympathisantEs sur la base d'une courte déclaration d'intention.

La nouvelle organisation a été fondée lors d'un congrès tenu le 29 septembre à Toronto. Les congressistes se sont entendu sur une plate-forme et une constitution, sur la nécessité de produire un journal bi-mensuel gratuit et d'opérer un site web, se sont élus des officiers et ont adhéré à Anarkismo (un regroupement international centré sur un site de nouvelles). La nouvelle organisation place l'anarchisme militant au coeur des mouvements sociaux, non-seulement sur les lieux de travail mais également dans les quartiers, le définit comme anti-oppression (sexisme, racisme, sectarisme religieux, homophobie, etc.), anti-impérialiste et écologiste. Les militantEs reconnaissent la nécessité de se fédérer sur des bases régionales, nationales et internationales (ahem, la NEFAC... et peut-être une confédération nord-américaine) mais pensent qu'il faut d'abord construire des groupes réellement actifs et capable de dépasser la pétition de principes.

Pour l'instant, Cause commune revendique des groupes locaux à Hamilton, Toronto, Sudbury, et Kitchener-Waterloo ainsi que des membres un peu partout en province. Déjà, des démarches sont entreprises pour monter des groupes à Ottawa (meeting demain soir!) et Windsor.

Et si on assistait, enfin!, au décollage de l'anarchisme organisé au Canada anglais?

lundi 26 novembre 2007

Un peu de clarté au sein de l'échange de brutes

Pour une rare fois depuis le début des audiences de la commission Bouchard-Taylor, un article, ma foi, brillant et surtout utile est paru aujourd'hui sur Cyberpresse. Cet article répond à divers préjugés concernant les accommodements raisonnables qui furent énoncés tout au long des audiences de cette commission, qui ressemble malheureusement trop souvent à un échange de brutes.

C'est la réponse au préjugé selon quoi les Québécois de souche seraient supposément menacés chez-eux que je voulais partager ici:


Les Québécois de souche seront bientôt une minorité au Québec.

Faux. En ce moment, seulement 10% de la population du Québec est née à l'extérieur du pays. Dans le but d'accroître sa population jeune et sa main-d'oeuvre, le Québec recrute environ 45 000 immigrants par année et reçoit quelques milliers de réfugiés. À ce rythme, il faudrait 150 ans pour que les Québécois de souche
deviennent minoritaires.



150 ans. Où est l'invasion massive ici ? L'argument selon quoi nous devrions fermer nos frontières ? Le danger du mélange ethnique !?

Bref, j'espère que cet article sera lu, pour que nous retrouvions ne serait-ce qu'un peu d'humanité, dans nos rapports avec ceux et celles qui nous entourent, afin que la couleur et le pays d'origine ne soient plus des motifs d'exclusion. Et je crois que certains racistes québécois devraient en prendre note...

D'ailleurs, voici le lien :

http://www.cyberpresse.ca/article/20071126/CPACTUALITES/711260509/1019/CPACTUALITES.

dimanche 25 novembre 2007

Relents de colonialisme?

Au cours des derniers jours, nous avons eu la chance de voir quelques relents de colonialisme, aussi ridicule que cela puisse paraître.

Tout d'abord, outre quelques adeptes de la royauté internationale (parce que des rois et des reines, ainsi que des princes et des princesses, il en reste dans plusieurs coins de la planète), peu de gens étaient au courant qu'il y avait un roi en Espagne. Peu importe l'opinion que l'on puisse avoir face à Hugo Chavez, je trouve inexplicable qu'un roi viennent lui dire "porque no te callas?"(pourquoi tu ne te la fermes pas?). En fait, qu'est-ce que je déteste plus qu'un chef parlementaire? Les royautés. Rappelons-nous les justifications évoquées pour qu'ils/elles se maintiennent au pouvoir: un dieu quelconque m'a dit d'être votre chef, j'ai réussi à ôter une épée d'une roche et la dame du lac m'appuie ou, finalement, je suis l'élu. Ça ne me rentre pas dans la tête que, encore aujourd'hui, aussi traditionnel que cela puisse paraître, les gens tolèrent ce genre de situation. Finalement, quelle est la justification de la présence d'un roi dans une réunion diplomatique de chefs d'états même si ce dit roi n'est là que symboliquement? Pourquoi colonialiste la situation? Il s'agissait du XVIIe sommet ibéroaméricain, réunissant à Santiago 22 chefs d'Etat et de gouvernement d'Amérique latine et de la péninsule ibérique. Vous connaissez plusieurs pays dans la péninsule ibérique? Ça pue je trouve.

Deuxième situation: le sommet du commonwealth. Commonwealth: Regroupement de pays ayant été d'anciennes colonies britanniques de partout dans le monde, sous la direction du souverain (la reine aujourd'hui) du Royaume-Uni. Encore une fois, ça pue. On regroupe les "anciennes colonies" d'un empire et on les assujeties encore une fois à une reine. Beaucoup diront que je cherche les poux où il n'y en a pas, mais je ne trouve pas. Je ne suis pas en train de vous dire qu'on devrait s'organiser contre ce genre de regroupements internationaux, ce serait un coup d'épée dans l'eau et ce serait jouer le rôle des réformistes que de vouloir "changer le système". Ce texte n'est là que pour montrer à quel point que, câlisse, on n'est pas sorti des systèmes moyenâgeux. Les réfos, justement, pourraient dire que ce genre d'organisation pourrait faire de bonnes choses, comme aller tenter de mettre de la pression sur le dictateur pakistanais actuel afin qu'il redonne ses libertés fondamentales aux PakistanaiSEs. La réponse de Moucharraf? "Nous allons réétudier notre implication au sein du commonwealth." Ouais, se faire suspendre, ça lui a fai peur.

Bon, voilà pour ma crise hebdomadaire. Je vous invite à poster des commentaires!

vendredi 23 novembre 2007

Une semaine de grève à l'UQAM en images



(Via Chercher des poux?) Le choix musical est peut-être un peu cliché (combien de vidéo étudiante avec cette toune là en back-ground?) mais voici quand même un montage d'images et de vidéo sur la grève étudiante de la semaine dernière à Montréal. C'est sans doute plus représentatif de la réalité du mouvement que ce qu'on a pu voir dans les mass-media. Si quelqu'un voulait faire ça pour Québec, ce serait cool.

jeudi 22 novembre 2007

Sam Hamad reçoit un avis de réclamation


Une centaine de manifestantEs ont envahi mercredi le lobby du 425 St-Amable à Québec, un immeuble abritant des locaux de la haute gomme gérant l'aide sociale. Ils et elles revendiquaient la pleine indexation des prestations d'aide sociale des personnes dites «apte au travail». Selon leurs calculs, depuis la mise en vigueur de l'indexation partielle, c'est 108 M $ que le gouvernement a économisé sur le dos des plus pauvres d'entre les pauvres. Pendant qu'une délégation remettait à des représentants du ministre Hamad un avis de réclamation global, les manifestantEs mettaient au recyclage la Politique québécoise de lutte à la pauvreté (plutôt que d'y mettre le feu ou de la mettre à la poubelle). Nicole Jetté, porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales, est outrée par la duperie du gouvernement et explique le geste ainsi: «Appauvrir les plus pauvres, c'est ignoble, mais il y a pire... Appauvrir les plus pauvres et l'avoir programmé dans un supposé Plan de lutte à la pauvreté, en plus d'être ignoble, c'est hypocrite !».

==> Notre reportage photo

2500 étudiantEs manifestent à Montréal

De leur propre aveu, c'est dans le titre de leur communiqué, la coalition dirigée par la FEUQ n'a mobilisée que 2500 étudiantEs à Montréal jeudi après-midi. C'est à peine 500 de plus que l'ASSÉ la semaine dernière. Comme les fédérations ont techniquement 4 fois de membres que l'ASSÉ (et énormément plus de fric), il faudrait peut-être reconsidérer quelles forces sont réellement représentatives dans le mouvement étudiant. Hégémoniques les fédérations? Faites moi rire!

P.S.: Cyberpresse parle de «centaines d'étudiants», Radio-Canada de 1000.

L'intégrale de l'émission du 21 novembre

Voici le MP3 de l'émission du 21 novembre. Au menu:

* Plusieurs retours sur l'actualité sociale et politique

* Entrevue avec Benoît Lacoursière sur son nouveau bouquin (Le mouvement étudiant au Québec, 1983-2006).

==> Le fichier de l'émission

(merci François!)

mardi 20 novembre 2007

Dieu pardonne, pas le prolétariat !

La réaction à la sortie de M. Ouellet, le chef de l'Église catholique de Québec, devant la Commission Bouchard Taylord, qui dénonçait le «vide spirituel» et demandait aux québécois de «se réveiller» (voir ici et ici), a été si forte que le bonhomme a senti le besoin d'écrire aux journaux pour demander officiellement pardon pour les fautes commises par l'Église québécoise au cours de l'histoire. Selon un article du Soleil, Marc Ouellet écris entre autre ceci: «Des mères de famille ont été rabrouées par des curés sans égard pour les obligations familiales qu’elles avaient déjà assumées; des jeunes ont subi des agressions sexuelles par des prêtres et des religieux, leur causant de graves dommages et traumatismes qui ont brisé leur vie! Ces scandales ont ébranlé la confiance du peuple envers les autorités religieuses, et nous le comprenons! Pardon pour tout ce mal!»

Ce à quoi j'aurais envie de répondre: il est trop tard, le mal est fait. Quand bien même comme Marc Ouellet ferait le chemin Québec-Montréal à genoux, ça ne ferait revenir personne à l'église, cette Église qui est toujours aussi sexiste et homophobe qu'avant (comme en font foi les positions sur la contraception, l'ordination des femmes, le mariage gay, etc.).

Comme disait la Brigada Flores Magon: Dieu pardonne, pas le prolétariat!

Une critique anarchiste du PCR (cinquième partie)

Texte soumis à la discussion («ce n'est qu'un début», refrain connu...)

Ils sont anticapitalistes et antinationalistes, boycottent les élections et l’État, se disent communistes et révolutionnaires. Ils sont très critiques de l’institutionalisation des mouvements sociaux et conspuent les leaders de la gauche réformiste. Dans les manifestations, ils sont souvent masqués et n’hésitent pas à recourir à l’action directe. À priori, les maoïstes du Parti communistes révolutionnaire (PCR) sont proche des anarchistes. Et pourtant… Un fossé sépare nos conceptions du monde et de la stratégie révolutionnaire.

5. Le parti et les masses


Une critique anarchiste du PCR
Déjà paru:
Pour les maoïstes, «bâtir et édifier le nouveau Parti communiste révolutionnaire du prolétariat canadien est la tâche numéro un». Cette priorité induit une pratique sociale et politique arrogante, auto-référentielle et, à la limite, opportuniste. Que comprendre d’autre quand le PCR écrit lui-même dans son programme : «Tout ce qu'on fait, les positions qu'on défend, les actions qu'on mène et celles qu'on initie, doit concourir à l'objectif de la construction et du renforcement du parti»? Examinons ça de plus près.

Le PCR, comme nous l’avons vu, est persuadé d’avoir la science infuse prolétarienne : le marxisme-léninisme-maoïsme (MLM). Cela ne l’empêche pas d’être particulièrement arrogant avec les prolétaires, en effet, selon son Programme, «spontanément, la conscience prolétarienne, même dans sa forme la plus radicale, ne va jamais plus loin que la révolte» et «pour passer de la révolte à la révolution, il faut que la minorité de prolétaires qui ont déjà accédé à la conscience révolutionnaire, de par leur expérience mais surtout parce qu'ils et elles sont entréEs en contact avec la théorie révolutionnaire, soit organisée». Même là, que les prolétaires s’organisent ne suffit pas, selon les maoïstes ça prend surtout une idéologie, la leur. Une fois de plus les intellectuelLEs, étudiantEs et ex-étudiantEs, se donnent le beau rôle : directeur de conscience pour prolos révoltés en mal «d’idéologie strictement prolétarienne».

Selon les maoïstes, leur parti «assume à la fois des fonctions d’organisation et d’éducation». En matière d’éducation, le PCR défend une vision assez classique merci : «l'éducation, le parti la réalise principalement au moyen de l'agitation et de la propagande communistes, par la publication de journaux et de revues, la diffusion de tracts, l'intervention parmi les larges masses, l'organisation de cercles d'étude et de groupes de discussion, etc.» Bref, un ensemble de moyens d’intellos (y’ont jamais entendu parler d’éducation populaire?). Pour ce qui est du travail d’organisation, il s’agit, «en particulier», du «ralliement progressif et systématique des éléments les plus avancés au sein du prolétariat» (sur la base de l’adhésion aux idées du parti, je présume). Le plus drôle, surtout venant de marxistes, c’est que les maoïstes sont convaincu que «c'est ainsi, et seulement ainsi - par l'agitation, la propagande et l'éducation - que le parti en arrivera à orienter et à diriger le mouvement des masses». À croire que les idées (du PCR) mènent le monde, une position idéaliste s’il en est.

Le PCR reconnaît, heureusement, que la révolution «ne saurait se produire sans la participation des plus larges masses». «Les masses font l’histoire» écrivent les maoïstes et, si le parti dirige, oriente et propose, les masses, elles, disposent (je paraphrase). Quel est leur rôle au juste et quelle relation le parti veut-il entretenir avec elles? Et bien, le PCR «s'appuie sur elles pour mener à bien ses tâches et ses activités». Concrètement, «le Parti communiste révolutionnaire cherche en toutes circonstances à se lier aux masses», notamment en utilisant «les méthodes d'enquête, non seulement pour mieux connaître leur situation, mais aussi pour bien cerner leur état d'esprit». Les masses, comme les prolétaires, ont besoin d’un peu d’aide pour développer les bonnes idées, c’est pourquoi le PCR «recueille les idées des masses et retient et systématise celles qui sont les plus justes».

Quelle relation le PCR entretient-il avec les organisations de masse? La question se pose parce que le parti condamne à peu près toutes les organisations réellement existantes. Selon le Programme, «elles [les masses] sont majoritairement organisées (quand elles le sont) par tout un réseau d'organismes et d'instances qui sont pour la plupart, à un degré ou à un autre, intégrés à l'appareil d'État». Les maoïstes poursuivent en écrivant que «trop souvent, ces organisations contribuent soit à étouffer leur combat, soit à le détourner de la cible, empêchant ainsi le développement de la lutte prolétarienne contre la bourgeoisie et son État».

Selon les maoïstes, «trop souvent, les communistes au Canada se sont limités à vouloir prendre la tête des organisations de masse déjà existantes, notamment des syndicats, sans s'assurer que cela correspondait à une influence réelle à la base» alors que «le rôle du parti est plutôt d'aider les masses prolétariennes à diriger elles-mêmes leur propre mouvement, leurs propres organisations, de sorte à ce qu'elles soient éventuellement en mesure de diriger la société tout entière». Jusqu’ici, tout va bien. Le problème c’est que, «dans le cas où telles organisations ne sont pas entièrement inféodées à l'État», les maoïstes se proposent de «mener certaines luttes pour les démocratiser, pour écarter la ligne bourgeoise, faire triompher la ligne prolétarienne et éventuellement les conquérir». Et si jamais le parti juge que les organisations sont inféodé à l’État, le PCR se propose tout simplement «d’aider les masses à s'en débarrasser et à les détruire». Il faut croire que les maoïstes ne font pas le même bilan que nous des années 1970 où les ML ont paralysés pendant des mois certaines organisations populaires en forçant des débats sur le sexe des anges pour en prendre le contrôle et en ont liquidé des dizaines d’autres…

En dehors de ça, le PCR annonce qu’il «encouragera systématiquement les masses à se doter d'organisations authentiquement prolétariennes, entièrement autonomes de l'État et des multiples réseaux qu'il organise et contrôle». En plus de les fonder directement au besoin, les maoïstes savent déjà que «l’ensemble de ces organisations s'inscriront dans la construction et le développement de tout un réseau, autour du parti et de l'armée révolutionnaire, qui sera appelé à constituer l'embryon du nouveau pouvoir». Semble-t-il que «c'est au nom de ces nouvelles organisations, authentiquement prolétariennes, avec lesquelles elles auront appris à se défendre, à se battre et surtout à se diriger elles-mêmes avec l'aide du parti, que les masses se soulèveront». Ce qu’il faut donc comprendre c’est que quand les maoïstes parlent «des masses», ils et elles parlent en fait de leur réseau de clubs écoles (Front rouge des jeunes et cie) et de leur seulEs sympathisantEs. En d’autres mots, le parti veut se substituer aux masses.

La suite… un autre jour !


Nicolas Phébus, 20 novembre 2007

P.S.: Je me base essentiellement sur le Programme du PCR pour faire cette critique

La chasse aux nazis est un échec au Canada



Un article intéressant d'Isabelle Hachey paru dans La Grosse Presse à propos de l'échec des tentatives canadiennes de punir ou encore expulser les présumés criminels de guerre nazis réfugiés au Canada. Et elles sont plus nombreuses qu'on pourrait le croire ces saletés. Mais elles sont vieilles, ont de bons avocats, et il semble qu'elles crèveront toutes ici...

L'article se trouve ici...

dimanche 18 novembre 2007

À propos de cruauté (bis), de flics et d'assassinats...






Vous avez sans doute entendu parler de cet immigrant polonais, Robert Dziekanski, qui a été tué par 4 flics de la GRC dans l'aéroport de Vancouver le mois dernier. L'homme dans la quarantaine, qui sortait de son pays natal pour la première fois, venait rejoindre sa mère et tenter de refaire sa vie. Pour une raison inconue, il est resté plus de 10 heures dans la zone sécurisée et de collecte des bagages de l'aéroport après être débarqué de l'avion, alors que sa mère l'attendait dans la zone des visiteurs. Ne parlant ni français ni anglais, il a commencé à perdre patience et a renversé quelques chaises. Jamais il ne s'est montré menacant envers quiconque... Mais quand 4 flics de la GRC se sont pointés, ils l'ont tasé avec un pistolet électrique sans raison, provoquant sa mort brutale. L'homme ne faisait que reculer devant eux, les mains dans les airs. Ses funérailles ont été célébrées aujourd'hui...

Mais au moins, pour une fois, la violence des flics ne pourra être enterrée sous une pluie de mensonges et de justifications bidon, pare qu'un citoyen qui a assisté à la scène a tout filmé, et ca vient d'être rendu public... Rien à ajouter, sinon que l'état et les flics continuent impunément d'assassiner et d'opprimer.... BASTA !

Nous vous présentons ici la version longue (9 minutes) de cette vidéo).

À propos de cruauté et de solidarité...

Il y a quelque chose qui me dit que les jeunes adéquistes ne connaissent rien à la pauvreté. En tout cas, pour proposer des conneries comme une limite de 4 ans à l'aide sociale, ils ne sont surement pas issus de familles pauvres, ni ne doivent en côtoyer. Une telle proposition en dit long sur leur ignorance, leurs préjugés et leur haine de classe.

Par exemple, un imbécile heureux délégué du Lac-Saint-Jean l'illustrait à merveille quand il déclarait (sans rire) que «la période de quatre ans (de prestations), ce n’est pas des vacances payées». Des vacances payées! À 550$ par mois! Heille, le jeune: wake up and smell the coffee...

La réalité de l'aide sociale c'est que c'est un enfer dans une société riche comme la notre. Les prestations sont nettement insuffisantes pour couvrir les besoins essentiels et plongent les gens dans des logiques de survie extrêmement précaires. Pour finir à l'aide sociale, il faut être complètement dépouillé et avoir épuisé toutes ses ressources personnelles. Comme l'aide sociale suit en général une période de chômage, ça fait déjà un bout que la personne est «hors circuit». En général, elle est complètement démolie et ne se relève pas très rapidement (ça prend huit ans dans la moitié des cas!).

Penser pouvoir remettre rapidement les prestataires «apte au travail» au boulot sans augmenter radicalement les prestations et les budgets de formation relève de l'utopie ou de la pensée magique. Vouloir les forcer à le faire en limitant la durée des prestations est d'une dureté qui relève de la cruauté et d'un sadisme populiste. En plus, il y a de forte chance que ce soit contre-productif au chapitre des finances publiques puisque, si ça peut marcher pour certaines personnes, il est clair que ça ne marchera pas pour d'autres et que ça va entrainer des couts importants (en santé et services sociaux, notamment). Comme le disait crument Pierre Fortin dans Jobboom il y a quelques mois: «Il y en a bien assez d'itinérants comme ça aux abords du métro Berri-UQAM!»

(Parlant de Jobboom je suggère à tous la lecture de leur dossier La trappe du BS. Très instructif et, pour une fois, on donne la parole à d'autre monde qu'aux suspects habituels.)

Solidarité sociale

Officiellement, l'aide sociale ne relève ni de l'altruisme, ni de la charité mais de la solidarité sociale. Il est peut-être bon, pour le bénéfice des adéquistes et des autres, de rappeler ce qu'est exactement la solidarité. Selon le Petit Robert, la solidarité c'est «la relation entre personnes ayant conscience d'une communauté d'intérêts qui entraine, pour les unes, l'obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance». Selon Wikipédia, «la solidarité lie la responsabilité et le destin de chacun à ceux de tous, de sorte que chacun doit affronter les problèmes rencontrés (ou provoqués) par un seul membre du groupe».
Par définition la solidarité est inconditionnelle. Le seul fait d'appartenir au groupe, ici la société, commande la solidarité.

La solidarité sociale existe parce que les salariés savent que nul n'est à l'abri d'une bad luck (licenciement, maladie, etc.), que la responsabilité individuelle n'est jamais seule en cause et qu'on arrive rarement à s'en sortir tout seul. Dans ce contexte, mieux vaut assumer collectivement le risque. À l'origine, la solidarité sociale prenait la forme de mutuelles ouvrières (certaines existent toujours mais la plupart se sont transformée en compagnies d'assurance). Ce n'est que depuis une cinquantaine d'années que cette solidarité de classe «privée» a été prise en charge par l'État.

(Notons au passage que si les anarchistes sont contre l'État, ils et elles ne sont pas contre la solidarité sociale et la redistribution de la richesse. Il faut être vraiment stupide pour s'opposer «au B.S.», à l'éducation ou au système de santé public sous prétexte que c'est l'État qui s'en charge. D'un côté, mieux vaut l'État que le privé et, de l'autre, tout cela existerait encore, et serait même développé, dans une société libertaire, ce serait tout simplement organisé différemment.)

Aller plus loin

Il est même possible d'aller plus loin que le concept de solidarité sociale. Ça va être dur à avaler pour les adéquistes mais l'aide sociale est un droit (et non un privilège). Il s'agit de la traduction locale de certains articles du Pacte des droits sociaux, économiques et culturels qu'ont signé le Québec et le Canada. Le Pacte reconnait en effet «le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu'à une amélioration constante de ses conditions d'existence».

En allant encore plus loin, il faut reconnaitre le droit des individus de choisir consciemment de ne pas occuper d'emploi salarié et de «vivre» de l'aide sociale. Le travail salarié n'est pas la seule contribution sociale valable. Plusieurs groupes revendiquent donc un «revenu de citoyenneté» qui remplacerait toutes les prestations d'État et garantirait à tous et toutes un niveau de vie décent. On peut chipoter sur les détails du projet mais l'idée de base est bonne. Ce serait bien le minimum dans une société qui se prétend civilisée.

samedi 17 novembre 2007

C'est la logique du marché

Si j'en crois Le Soleil, les producteurs de patates, de maïs et de pommes sont dans la merde. Ils devront avoir recours aux compensations de «l'Assurance stabilisation des revenus agricoles» cette année. Le mauvais temps ou une épidémie aurait-il gâté les récoltes? Que nenni, c'est plutôt le contraire: les récoltes ont été trop bonnes! Résultat l'offre dépasse la demande, entrainant une chute de prix. Le ridicule est tel que la tonne de maïs s'écoule actuellement à 140$, alors que le prix coutant est d'à peu près 180$. Donc, si je comprend bien, les producteurs doivent avoir des compensations quand ça va mal et quand ça va bien. C'est sans doute ce qu'on appelle la logique du marché, un système hautement rationnel et performant comme chacun sait. En passant, j'ai aussi appris dans le journal que pour chaque dollar que les agriculteurs mettent dans «l'Assurance stabilisation des revenus agricoles», l'État en met deux. Ayons une petite pensée pour les paysans ruinés des économies du sud qu'on «libéralise» de force à grand coup de programmes d'ajustements structurels et de traités de libre-échange...

Comme dirait l'autre: le marché, ça marche pas!

jeudi 15 novembre 2007

FXG: la ligne de piquetage a tenue le coup

Au cas où des camarades se poseraient la question, la ligne de piquetage au cégep FX Garneau a tenu le coup. Peu avant 11h, l'administration déclarait forfait et annulait tous les cours devant la détermination des grévistes. Bravo! Tout spécialement aux étudiantEs qui ont dû se farcir le torrent d'insultes de Frédéric Têtu, prof de philo et réactionnaire notoire qui a engueulé pendant une éternité les grévistes sur les lignes de piquetage en les traitant d'enfants gâtés et autres noms d'oiseaux...

Cause commune, édition spéciale grève étudiante

La NEFAC-Montréal a produit un numéro spécial de Cause Commune portant spécifiquement sur la grève étudiante en cours.

Il s'agit en fait d'un tract format 'legal' recto-verso.

Vous en trouverez ici une copie pdf (cliquez ici pour le recto et ici pour le verso).

N'hésitez pas à la reproduire en masse!

Nous sommes démasqués !

Michel Hébert, le chroniqueur politique en lock-out, nous fait l'honneur de parler de nous sur son blogue. Ce n'est pas la première fois qu'il nous tire une roche au passage --ici par exemple-- mais c'est bien la première fois qu'il nous consacre autant d'espace. Malheureusement, son billet, intitulé Les anarchistes sont en ville, ne marquera pas les annales du journalisme tant il est truffé d'erreurs grossières. Le camarade Hébert peut bien nous écraser s'il veut mais il devrait au moins vérifier ses faits...

Première erreur, inquiétante venant d'un journaliste politique, Michel Hébert confond La Commune et la Révolution française. Ça part mal. À moins d'avoir affaire à des hippies, quand des gauchistes font référence à «La Commune» (comme nos camarades de Montréal), ils parlent de la Commune de Paris de 1871, pas du gouvernement républicain de 1792.

Deuxième erreur, le nom anglais officiel de notre fédération est Northeastern federation of anarcho-communists et non North Eastern Federation of Communist Anarchists. Ok, le logo sur le site utilise aussi l'appellation «anarchist communists» ce qui peut porter à confusion. Néanmoins, il ne s'agit pas d'une fédération de communistes et d'anarchistes mais d'une fédération d'anarcho-communistes (l'une des trois tendances historique de l'anarchisme). Bref, à la NEFAC, il n'y a que des anarchistes. Nous n'avons strictement rien à voir avec le Parti communiste (peut importe lequel) !

En passant, la NEFAC n'est pas que présente au Québec. La moitié de ces membres fondateurs sont de Québec! Autre précision, M. Hébert nous voit plus gros que nous ne sommes en réalité. En effet, contrairement à ce qu'il laisse entendre, nous ne sommes pas derrière l'AgitéE et la Page Noire. Il est fini le temps des ML des années 1970 où «le parti» était derrière toutes les initiatives. Aujourd'hui les gens sont plus autonomes. Ainsi, même si nous appuyons des projets comme l'AgitéE et la Page Noire, ceux-ci sont géré par des collectifs autonomes composés de personnes majeures et vaccinées qui n'ont pas besoin de notre imprimatur pour prendre des initiatives. La même chose vaut pour le mouvement étudiant et les autres mouvements sociaux.

Finalement, le camarade Hébert fait une grossière erreur en nous attribuant les «pluies de boules de billard» (!?). Si nous sommes toujours prêtEs à nous défendre en cas d'attaque, nous avons prônés ouvertement le contraire depuis le début de mouvement (ce qui nous a valu plus d'une dénonciation dans le camp des «plus radical que moi tu meurt»). Pour notre perspective sur la grève étudiante, voir cet article, diffusé à plus de 4 000 copies. On conviendra que ce texte, venant d'une fédération anarchiste qui ne s'est jamais gênée pour appeler ouvertement à former des black blocs, peut difficilement être lu comme un appel à la violence.

L'intégrale de l'émission du 14 novembre

Voici le MP3 de l'émission du 14 novembre. Au menu:

* Plusieurs retours sur l'actualité sociale et politique (surtout étudiante)
* Une critique de film
* Entrevue avec Francis Dupuis Déri sur son nouveau bouquin (l'éthique du vampire).

==> Le fichier de l'émission

(merci François!)

Lu sur le forum de l'ASSÉ...

UN FLIC POINTE SON FUSIL SUR DES ÉTUDIANT-E-S!

Pour avoir lancé un slogan anti-flic à une police qui passait le coin de rue, deux étudiantEs se sont fait menacéEs du flingue d'une police, puis sont accuséEs d'avoir troublé la paix. Hier soir, 14 novembre 2007, après la manifestation contre la brutalité policière, quelques étudiantEs sont alléEs boire une bière au Yer Mad. En arrivant, plusieurs unités d'intervention policière étaient stationnées sur Maisonneuve, qui sont parties une dizaine de minutes après leur arrivée. Pendant que deux personnes fumaient à l'extérieur, la police est passée. Une des étudiant-e-s a lancé un slogan. La réponse d'un des policiers fut de dégainer son flingue et de la pointer!

Craignants pour leur intégrité physique, les camarades se sont réfugiéEs à l'intérieur du bar et se sont cachéEs. Une minute plus tard, une dizaine de flics ont pénétré à l'intérieur du bar. Ils-elles les prennent et les amène dans la ruelle sur le côté. Comprenant rapidement la situation, les étudiantEs sortent, appelent un avocat et commencent à dialoguer avec les flics, qui étaient à peu près une vingtaine pour cette intervention. Plusieurs d'entre eux ont refusé de fournir leur matricule, dont deux flics de l'escouade anti-émeute (pas casquée) au brassard vert. Ils étaient arrogants.

De plus, pendant que les deux camarades se font intimidéEs dans la ruelle, un des flics a émis une contravention à un camarade pour avoir craché à terre. Finalement, les étudiantEs arrêtéEs sont relâchéEs. Est écrit sur leur ticket: "Ayant émis un bruit audible à l'extérieur de cris et de chants." Le flic qui a sorti son gun n'est pas encore identifié: il s'est enfui très rapidement suite à l'entrée de la police dans le bar. Le fusil, leur nombre écrasant, la présence de l'anti-émeute, tout ça prouve que cette intervention n'était ni plus ni moins une tentative dégoûtante d'intimidation et de provocation de la part des flics, visiblement très déçuEs de n'avoir pas pu tabasser et arrêter des étudiantEs en colère lors de la manif.

Faire suivre l'histoire.

Source:http://forums.asse-solidarite.qc.ca/viewtopic.php?t=2360

mercredi 14 novembre 2007

Grève à F-X: Plus de détails

Voici pour commencer le libellé de la proposition de grève qui fut adopté aujourd'hui:

Considérant que la hausse des frais de scolarité met en péril l'accessibilité aux études post-secondaires.

Considérant que l'éducation post-secondaire souffre d'un manque de financement de la part du gouvernement.

Que l'AGECFXG tienne une journée de grève limitée à 24 heures le 15 novembre 2007

Que l'AGECFXG ne propose plus de journée de grève à ses membres pour la session d'automne.

Que les stages et activité extérieures (sortie, etc) soient maintenus dans leur intégralité.


Les enseignants et enseignantes ont décidé de respecter le mandat de grève. Il n'y aura donc pas de cours demain. Les personnes qui seront présentes aux lignes de piquetage devront laisser passer les salariés (5 portes seront ouvertes). Je n'ai pas pu aller à l'AG de grève; mais j'ai ressenti une attitude hostile de la part de nombreuses personnes. Un graffiti laissé sur une convocation à l'AG appelait à une désaffiliation de l'ASSÉ, car celle-ci menait à la grève. Comme quoi l'ignorance fait malheureusement encore croire à toutes sortes d'idioties et de préjugés !

Honnêtement, cette grève, je ne m'y attendais pas, mais là, vraiment pas. C'est encore une surprise ! Je suis contente de voir qu'il y a encore des personnes sensées présentes à ce cégep. Les dernières assemblées générales avaient été marquées par un réactionnisme puant et personne n'a vu venir la victoire d'aujourd'hui. Comme quoi rien n'est perdu !

La grève est votée à FXG

Selon une information transmise par une syndiquée du collège FX Garneau, la grève serait passée lors d'une assemblée générale étudiante tenue aujourd'hui. Sur une fesse mais adoptée quand même. Apparemment que la population étudiante est particulièrement divisée au moment d'écrire ces lignes et que «ça jase fort» dans les corridors et les salles de classe. Selon la camarade, qui attend toujours une directive de son syndicat, l'administration aurait demandée à ses employéEs de se pointer au travail demain matin. S'il y a des lignes de piquetage et que l'entrée au collège est impossible sans accrochages, il y aura levée des cours, sinon tant pis pour le mandat de grève. L'ennui c'est qu'il y a 28 portes, donc ça va prendre du monde sur les lignes ! Plus de détail sous peu, quand Janie, notre correspondante étudiante, sera de retour devant son ordi pour faire un topo complet. N'empêche, le nombre de grévistes à Québec vient de tripler!

mardi 13 novembre 2007

3000 étudiantEs de Québec en grève pour la manifestation nationale du 15 novembre


Près de 3000 étudiantEs de l'Université Laval à Québec ont adhéré au «Plan B» de l'ASSÉ (qui consiste en une mobilisation appuyée par des journées de grève cette semaine). Pour le moment, aucun collège de la région n'a emboîté le pas (mais il y a un vote de grève à FXG demain... pour la forme semble-t-il car c'est perdu d'avance selon la plupart des camarades).

Selon le décompte du syndicat étudiant plus de 48 000 étudiantEs membres de 32 associations étudiantes dans 12 établissements (6 universités et 6 cégeps) seront en grève pour la manifestation nationale du 15 novembre.

Pour les camarades étudiantEs qui se rendront à Montréal pour la manifestation nationale du 15 novembre, notons que la NEFAC-Montréal appelle à un contingent rouge et noir dans la marche de l'ASSÉ. Rendez-vous à 13h30 au Square Dorchester, métro Peel, sous la bannière rouge et noire.

Pas de quoi se péter les bretelles


Je vis dans le quartier Limoilou. Vous savez, l'autre côté de la rivière, là où ça pue...

Chez-nous ça pue parce que c'est un quartier populaire (où peut-être est-ce l'inverse). Non pas que les pauvres manquent d'hygiène, c'est simplement que les riches n'habitent pas dans les quartiers où ça pue. Ils vont ailleurs. Là où on n'est pas.

Par chez-nous ça pue pour deux raisons principales:
1. Le moulin à papier (la Stadaconna, voir première photo)
2. L'incinérateur de Québec (voir deuxième photo)

Dans ma coopérative, il y a des gens qui ont milité pour la fermeture de l'incinérateur. C'est un dossier récurent dans le quartier. Sauf que si j'en crois un article du Soleil de ce matin, ça n'a pas fini de puer. Québec serait en effet la dernière ville au Canada en matière de compostage. Ici, il n'y a que 7% des ménages (dont le mien!) qui compostent. Quand on sait que 60% du contenu d'un sac de poubelle type est compostable, on comprend pourquoi l'incinérateur a encore de beaux jours devant lui. Malheureusement, composter c'est vu comme un truc de hippie-granola, juste bon pour les Ann Bourget de ce monde. C'est plus un objet de moquerie qu'un motif de fierté. Il faut dire que les infrastructures ne sont pas là et que la mise sur pied de sites de compostage communautaire est un véritable parcours de combattantEs.

Au Québec on aime ben ça se péter les bretelles avec notre différence. Là, il me semble qu'il n'y a rien à fêter. Les «blôques» compostent, mais pas nous. 67 % des ménages compostent à Halifax, 59 % à St. John. Nous, on vient juste de mettre en place des projets pilotes. Il y avait une Politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles 1998-2008 qui avait fixé à 60% le taux de recyclage et de revalorisation de nos poubelles. Sauf que toutes les villes se sont traînées les pieds et se réveillent maintenant à la veille de l'échéance sans atteindre leurs objectifs. On peut bien chialer sur le non-respect du protocole de Kyoto. Québec vert my ass.

Source.

Les deux photos sont tirées de Québec Urbain (Merci Google!).

Policier supposé producteur de cannabis



Le Soleil
Québec
Lundi 12 novembre 2007

Le procès du policier de Québec Jean-François Paré a débuté hier au palais de justice de Québec. Le jury composé de six femmes et de six hommes entendra de nombreux témoignages au cours des trois prochaines se-maines, à l’issue desquelles il devra décider si l’homme de 31 ans est coupable ou non de production de cannabis et de possession pour en faire le trafic.

La suite ici...

Répression à l'UQAM


Nos camarades de La Commune (le blogue de la NEFAC-Mtl) font une très bonne job d'infos sur la répression à l'UQAM. Vu d'ici, avec deux interventions de l'anti-émeute en moins de 24h, ça a l'air laid... À suivre.

lundi 12 novembre 2007

Les profiteurs de guerre dénoncés !



QUÉBEC, le 13 novembre 2007. Cette semaine au Château Frontenac, se rencontrent des représentants de l'industrie, de différents gouvernements, des Forces canadiennes et de différents instituts de recherche lors du colloque Défense, Sécurité et Innovation 2007. La Coalition Guerre à la Guerre dénonce la tenue de cet évènement puisque celui-ci vise ouvertement à permettre aux élites de solidifier leurs alliances pour mieux profiter de l'arnaque de la guerre.

Depuis des décennies, le gouvernement canadien et ses alliés de l'industrie ont fait de bonnes affaires en fournissant une large variété de pièces et de services essentiels pour les machines de guerres les plus mortelles du monde entier. Ces machines de guerres ont été utilisées pour commettre de graves crimes contre la paix, contre l'humanité ainsi que des crimes de guerre. "Alors que l'opposition à la
mission canadienne en Afghanistan se fait grandissante,il ne faut pas oublier que les canadiens avaient du sang sur les mains bien avant cette mission offensive!", rappelle Maxime Fortin, de la Coalition Guerre à la Guerre.

Parmi les participants au colloque, on retrouve certaines des plus grandes entreprises militaires du monde: Lockeed Martin, Northrop Gruman, General Dynamics, L-3 Communication, GE Security, Thales... Ces compagnies vendent pour des milliard de dollar de matériel militaire au Département de la défense américain chaque année, alors qu'on sait que les États-Unis ont tués des millions de victimes innocentes dans des guerres, notamment celles livrées en Irak et en Afghanistan.

Le scandale va plus loin que le fait que la guerre profite à l'industrie. En effet, des fonds publics sont investis dans ces entreprises cirminelles. Par exemple, le Régime de pension du Canada détient pour plus de 5 millions de dollar d'actions de Lockeed Martin, LE plus gros fournisseur d'arme au monde. De plus, plusieurs des entreprises dont les représentants se flatterons la bedaine avec nos ministres et les
chercheurs de nos universités cette semaine au Château Frontenac ont bénéficié de millions de dollar de subvention d'Industrie Canada. C'est le cas notamment de Lockeed Canada, CAE, Thales Canada et Neptec, des entreprises principalement impliquées dans la production d'arme et de 'systèmes de défense'.

"Est-ce que c'est vraiment à armer des assasins et à protéger des riches que l'ont veut que les fonds publics servent alors qu'il y a des besoins criants en éducation et en santé?", s'insurge Mathilde Forest-Rivière de la Coalition Guerre à la Guerre.

Source:
Coalition Guerre à la Guerre
coalition-valcartier-2007@resist.ca
www.coalition-valcartier-2007.resist.ca

Beaucoup d'information factuelle dans ce communiqué a été tirée de Press for Conversion no 52: Operation Embedded Complicity: Canada, Playing our Part in the Business of War, publié par la Coalition to oppose the arm trade, diponible en ligne http://coat.ncf.ca/

Opinion: Répondre par la laïcité

Une contribution militante au débat (N.B. : il n'y a pas de position officielle de la NEFAC là-dessus)

Le «débat» sur les accommodements raisonnables est en fait un débat sur l'immigration. Plus précisément sur l’intégration des immigrantEs. Il est clair qu’une certaine xénophobie, pour ne pas dire une xénophobie certaine, s'exprime au grand jour dans ce dossier. Il faut dénoncer la xénophobie et l'instrumentalisation du «débat» par les forces réactionnaires qui l’ont abondamment utilisé pour marquer des points.

Cependant, on ne peut pas juste faire ça. Le silence de la gauche (au sens large) sur l'autre versant du débat --la place de la religion et la question de l'égalité homme-femme-- a été très dommageable. La gauche a été piégée par les réactionnaires. Au nom de l'antiracisme (et d'un certain droit à la nuance, ce qui n'est pas une mauvaise chose), la gauche a manqué le bateau et a fermé les yeux sur certaines choses. Ce silence, en tout cas, devient une arme entre les mains de certains populistes qui s'en servent pour nous attaquer. Par exemple, combien de fois n'avons-nous pas entendu «où sont les féministes?» avant une longue tirade xénophobe...

En plus de la question de l'immigration, le «débat» exprime aussi une irritation face au retour du religieux dans l'espace public et à une crainte face au prosélytisme religieux, en particulier le prosélytisme des intégristes de tous bord. La plupart des gens sont très heureux que la religion ait été grosso-modo reléguée au domaine privé et que la société se soit graduellement laïcisée et ils ont peur que ça change (et ça peux changer, regardez nos voisins!).

La faille du point de vue réactionnaire c'est que, tout en soulignant à gros traits les demandes religieuses de (certains) immigrantEs, il est hypocrite en ce qui concerne le catholicisme. C'est la religion «des autres» qui les dérange, pas la religion en soit. En fait, certains --pas tous-- veulent même un retour en force du catholicisme et le maintien de ses privilèges comme en témoigne, par exemple, la manifestation récente d’un millier de parents catholiques demandant le maintien de l’enseignement de la doctrine catholique à l’école publique.

À mon humble avis, la seule manière progressiste d'intervenir sur la question (et il faut le faire!) c'est de souligner cette contradiction et de proposer un achèvement de la laïcisation. Personnellement, je suis d'accord avec les positions développées par le Conseil du statut de la femme et la CSN.

C'est-à-dire d'affirmer la prépondérance de l'égalité homme-femme sur la liberté de croyance («l'égalité entre les femmes et les hommes ne peut souffrir d'aucun accommodement»), d'achever la laïcisation de l'État et des services publics (entre autre en virant *tous* les symboles religieux et en demandant aux employéEs d'afficher une complète neutralité religieuse), d'assurer un espace public neutre où on ne peut pas nier impunément l'égalité, et, finalement, d'adopter une sorte de loi 101 de la laïcité.

Depuis que ces positions ont été affirmées publiquement, le débat a reviré de bord. Il y a eu un contre-poids au discours réactionnaire, qui a été mis face à ces contradictions et qui est maintenant sur la défensive. Maintenant, la ligne de démarcation n'est plus pour ou contre les immigrantEs et les accommodements mais pour ou contre la laïcité.

Par ailleurs, je continue de penser que l'anarchisme est nécessairement matérialiste athée et qu'il faut relancer la lutte contre l'opium du peuple mais, ça, c'est très périphérique au débat.

Un camarade de Québec

dimanche 11 novembre 2007

Une critique anarchiste du PCR (quatrième partie)

Texte soumis à la discussion («ce n'est qu'un début», refrain connu...)



Une critique anarchiste du PCR
Déjà paru:
Ils sont anticapitalistes et antinationalistes, boycottent les élections et l’État, se disent communistes et révolutionnaires. Ils sont très critiques de l’institutionalisation des mouvements sociaux et conspuent les leaders de la gauche réformiste. Dans les manifestations, ils sont souvent masqués et n’hésitent pas à recourir à l’action directe. À priori, les maoïstes du Parti communistes révolutionnaire (PCR) sont proche des anarchistes. Et pourtant… Un fossé sépare nos conceptions du monde et de la stratégie révolutionnaire.


4. La lutte armée

Selon le PCR, « la majorité des courants révolutionnaires qui ont agi dans les pays impérialistes (…) ont généralement considéré que la lutte révolutionnaire y suivrait deux phases, absolument distinctes l'une de l'autre : d'abord, une longue lutte légale puis, ensuite, une phase insurrectionnelle, suivie par une période plus ou moins longue de guerre civile se terminant par le renversement de la bourgeoisie ». Les maoïstes font une critique virulente des autres courants communistes qui, « dans les faits, [n’ont] jamais [soutenu] autre chose que le travail légal » et dont le bilan historique est d’avoir « trop souvent contribué (…) à maintenir et encadrer le mouvement prolétarien à l'intérieur de la discipline imposée par la démocratie bourgeoise (…) [et] à s'empêcher eux-mêmes de préparer la révolution ». Pour le PCR, « la voie de la révolution au Canada est celle de la guerre populaire prolongée ». Et, « pour envisager sérieusement mener à bien la lutte révolutionnaire », il faut « sans plus tarder tendre et déployer toutes nos forces vers la construction des trois instruments qui seuls nous permettront de la réaliser : un parti révolutionnaire, une armée révolutionnaire, et l'entraînement à l'action révolutionnaire des masses. »

On peut résumer la réaction de la plupart des anarchistes aux propositions du PCR à ce chapitre par un incrédule et retentissant « y sont malades ! ». Les critiques du PCR, incluant la NEFAC, ont en général rejeté du revers de la main la perspective de la « guerre populaire prolongée » en arguant que se lancer là-dedans maintenant c’était mener le peuple à un bain de sang et, accessoirement, appeler de nos vœux la répression. À mon humble avis, c’est une critique facile qui, bien que valable, démontre surtout que les anarchistes n’ont peut-être pas suffisament étudié la question. S’il n’y a pas de cas récent de lutte armée victorieuse en Occident, l’histoire récente de certaines puissances impérialistes démontre toutefois qu’elle est « possible ». Dans le fond, qu’est-ce que l’histoire récente de l’Irlande du nord, par exemple, sinon une « guerre populaire prolongée » ?

Peu d’anarchistes nieront que la violence est un aspect de la lutte révolutionnaire et qu’il n’y aura vraisemblablement pas de révolution sans violence. CertainEs « anarchistes » pensent que nous ne pouvons pas vaincre militairement un État moderne et ont à toute fin pratique abandonné l’objectif de révolution, mais ça, c’est une autre histoire. La plupart des anarchistes acceptent même, à certaines conditions et dans certaines circonstances, l’utilisation de la violence révolutionnaire ici et maintenant. L’ennui c’est que peu d’anarchistes ont pensé concrètement à une « voie de la révolution au Canada ».

Il faut donc reconnaître au PCR le mérite d’avoir réfléchi sérieusement à une telle « voie ». Bien que peu probable, tout comme, d’ailleurs, la grève générale insurrectionnelle chère à de nombreux libertaires, leur « guerre populaire prolongée » semble au moins « possible ». La vraie question est de savoir si elle est souhaitable. Dans une perspective libertaire, la réponse est non.

« L’armée rouge » que veut créer le PCR pour « affronter et vaincre l’ennemi » serait sous sa direction. Éventuellement, elle sera appelé à mener la « guerre populaire prolongée » mais, pour l’instant, on parle de « soutenir le travail du parti » en renforçant les « grandes campagnes politiques menées par le parti » en menant des « actions de propagande armée ». Selon les maoïstes, « pour combattre la bourgeoisie avec succès, il faut avoir appris à combattre ». Et apprendre, « c'est aussi une activité pratique, qui se développe quand on en fait l'expérience ». Bref, il faut bien commencer quelque part.

Qu’est-ce que ça veut dire « apprendre à combattre » ? Est-ce que ça veut dire s’amuser à jouer aux poings rouges dans les manifestations (pour ensuite se vanter de s’être poussé avant que ça chie) ? Est-ce que ça veut dire préparer de petites actions clandestines « anti-impérialistes » qui font boum (comme faire sauter des pilones électriques ou s’attaquer à la voiture d’un représentant des lobbys du pétrole) ? Ou bien est-ce que ça veut dire développer la combativité dans les mouvements sociaux, prôner l’organisation d’actions plus audacieuses demandant un certain degré de préparation « militaire » (occupations, commando bouffe, ouverture de squats, etc.) ? La question centrale est de savoir qui dirige et qui apprend : les seuls militantEs révolutionnaires ou les gens en lutte ?

Si les anarchistes sont « pour » la violence, c’est à la condition qu’elle émane d’acteurs des luttes et soit « maitrisée » par eux et non subie, amenée par des acteurs extérieurs qui imposent leur « soutien » tapageur. Nous sommes contre la spécialisation de la violence et, surtout, contre la création d’instances séparée des mouvements de masse à cette étape-ci. Si nous reconnaissons la nécessité, dans le processus révolutionnaire, de créer éventuellement des « groupes armés » nous sommes d’avis qu’ils devront être créés et contrôlés par les mouvements de masse et redevable à ceux-ci et non à un parti. Si jamais une « armée révolutionnaire » doit voir le jour –et ce n’est pas demain la veille!—elle devra être l’expression du peuple en arme et redevable devant les nouveaux organismes révolutionnaires (soviets ou autres). Autrement, c’est d’une milice privée dont on parle et non d’une « armée révolutionnaire ».

Plutôt qu’une « guerre populaire prolongée » menée par une « armée rouge » dirigée par un « parti révolutionnaire », les anarchistes proposent une « guerre de classe » menée par le prolétariat militant. Notre stratégie repose sur la radicalisation des mouvements sociaux, l’émergence de contre-pouvoirs et une stratégie de ruptures. La lutte au quotidien nous oblige à expérimenter dès maintenant l’action directe et, quelque fois, l’usage de la violence (contre les flics et les fafs, notamment). L’exacerbation de la lutte de classe obligera nécessairement les mouvements sociaux à se massifier, à se démocratiser et à développer des formes d’autodéfense et d’actions plus ou moins violentes (c’est d’ailleurs déjà à ça que servent la plupart des services d’ordre…). C’est là que ce trouve l’embryon de « l’armée révolutionnaire » éventuelle, pas dans les fantasmes d’une poignée de militantEs révolutionnaires sous-alimentés.

La suite… un autre jour !


Nicolas Phébus, 11 novembre 2007

P.S.: Je me base essentiellement sur le Programme du PCR pour faire cette critique

Rapport sur le congrès 2007 de la NEFAC

La Fédération des communistes libertaires du nord-est (NEFAC) a récemment tenu son congrès international annuel. Nous nous sommes réunis dans une merveilleuse salle de réunion fournie par Encuentro 5, à Boston. Pendant deux jours nous avons discuté de la meilleure façon de faire avancer la cause du communisme libertaire et du pouvoir ouvrier.

Étaient présentEs les camarades de Montréal, de Washington, de Boston, de New York, du New Jersey, de Pittsburgh, de Philadelphie, et du Massachusetts. Nous avons d’abord fait un tour de table pour juger de l’évolution des projets des collectifs et prendre des nouvelles sur les activités locales des membres et sympathisantEs. Le spectre d’activité des collectifs locaux est large et inclus l'organisation d’événements publics et de salons du livre, une participation active dans le syndicalisme, les mouvements communautaire et étudiant et un travail d’organisation et d’action militante contre les fascistes.

Nous avons ensuite discuté de l'état des publications de la NEFAC : le Northeastern Anarchist et Ruptures, nos deux revues théoriques, et Cause commune un journal anarchiste gratuit. La discussion a porté sur la meilleure façon d’allouer les fonds aux publications et sur d'autres méthodes de distribution de la propagande, entre autres les blogues et les pdfs qui pourraient être imprimés localement et distribués à peu de frais.

La discussion a ensuite portée sur les nouveaux collectifs qui demandaient le statut de sympathisant ou de membre. La candidature d’un nouveau collectif sympathisant de Washington a été accepté et le Collectif Antithesis de New York est devenu membre. Les deux décisions sont été prise après une évaluation soigneuse du travail que les collectifs effectuent et ont projeté de faire, et de leur conscience politique. Nous sommes heureux d’accueillir ces deux collectifs dans la NEFAC.

Nous avons ensuite discuté sur un document de réflexion à propos de l’anti-impérialisme et des mouvements de « libération nationale » soumis par un membre de New York. Aucune conclusion n'a été tirée, mais il y a un sentiment que nous commençons à développer un vocabulaire commun pour traiter ces questions importantes. Nous avons ensuite discuté de l'état du mouvement anti-guerre et de comment mieux continuer nos efforts pour freiner le courant militariste.

Le deuxième jour a été en grande partie consacré à une discussion animée sur la meilleure façon de continuer et améliorer le travail de la NEFAC en tenant compte de certaines des difficultés inhérentes au fait d’être une fédération divisée par la frontière canado-américaine. Un document de discussion avec beaucoup d'idées à cette fin a été déposé au congrès par les camarades canadiens et a servi de cadre pour notre discussion. La discussion et le processus continue, et nous sommes entièrement confiants qu'il aura comme conséquence une présence communiste libertaire plus forte dans le nord est.

En outre nous avons discuté d’une proposition de nos camarades du Worker’s solidarity alliance (un groupe anarcho-syndicaliste américain) pour une réunion de divers groupes intéressés globalement une politique rouge et noire. Les détails sont encore en débat mais nous sommes enthousiastes à ce sujet sujet et voyant ça comme une occasion d’augmenter la communication et la coopération entre les anarchistes lutte-de-classiste.

Avec nos meilleurs vœux, solidarité à la classe ouvrière et hostilité persistante contre les patrons !

samedi 10 novembre 2007

DVD: La vie des autres

Avec les années qui passent, le souvenir du cauchemar totalitaire des «démocraties populaires» d'Europe de l'est s'estompe. Depuis quelques années, de nombreux films présentent plutôt les dictatures «communistes» d'avant la chute du mur de Berlin sous un jour presque positif, avec une certaine nostalgie romantique. La vie des autres ne mange pas de ce pain là. Ni propagande libérale, ni nostalgie sympathique, le film dénonce le travestissement des idéaux de gauche et essaie de dépeindre le cauchemar du «communisme policier» en s'attardant, un peu comme les romans de Koestler ou d'Orwell, sur les activités de surveillance de la Stasi (la police secrète d'Allemagne de l'Est). Un grand film (qui a d'ailleurs gagné un nombre impressionnant de prix un peu partout).

En 1984, à une époque où la chute du mur était inimaginable, une équipe de la Stasi doit commencer la surveillance d'un couple d'artistes pourtant tout ce qu'il y a de plus «communistes» et fidèles au régime. C'est le capitaine Gerd Wiesler, un policier zélé et inconditionnel du régime, qui est en charge. Cette mission de surveillance ouvre petit à petit les yeux du capitaine qui se met à douter du bienfondé de la mission et du régime dont il est sensé incarner «le bouclier et l'épée» et qui est de plus en plus rongé par les ambitions personnelles et la corruption. Voilà un rouage de l'État qui s'humanise tranquillement pas vite. En parallèle, les «surveillés» se mettent aussi à douter et en viennent à flirter avec la dissidence. On assiste ainsi à une fable sur la dissolution de l'intérieur d'un régime totalitaire.

Tout le film se situe dans les hautes sphères de la société est-allemande. On voit bien que cette société est une société de classe, avec ses puissantEs, ses exécutantEs et ses dominéEs. En même temps, c'est une société de classe différente de la notre, la source du pouvoir ne vient pas du capital mais de l'État. Bref, un capitalisme d'État avec sa hiérarchie implacable, capable de broyer n'importe qui, incluant des membres de l'élite. En même temps, pour une fois, on ne nous vante pas les joyeuses démocraties libérales. En effet, l'après chute du mur (brièvement abordé à la fin) est certes présenté comme une libération des esprits mais les structures de classe reste intactes: Les trous de cul d'hier sont encore trous de cul et l'élite est encore l'élite.

* * *

Petite parenthèse, qui ne change rien au film mais qui est d'une superbe ironie: il semble que l'acteur qui incarne le flic de la Stasi était un dissident à l'époque où ce situe le film et qu'il aurait été lui aussi espionné par sa femme... C'est ce qu'il a maintenu jusqu'à la fin de ses jours --il est mort récemment d'un cancer-- même s'il n'a pas pu amener de preuves formelles lors d'un procès qu'elle lui a intenté.

Autre parenthèse, tout est filmé in situ sauf les scènes à la prison de la Stasi. En effet, par rectitude historique, le directeur du musée qu'est devenu cette prison a refusé qu'on film en ses murs puisqu'on n'a jamais pu trouvé ne serait-ce qu'un seul agent de la Stasi ayant reviré sa veste. Si des agents avaient des doutes, cela ne les a jamais empêché de faire leur travail «avec professionnalisme» (sic!) jusqu'à la fin...

* * *

La vie des autres, un film de Florian Henckel von Donnersmarck avec Ulrich Mühe, Sebastian Koch, Martina Gedeck et Ulrich Tukur. Allemagne, 2006, 137 minutes.

N.B.: La copie que j'ai eu au vidéo-club portait le titre anglais (The Life of Others) et était en allemand avec sous-titre en français. Je ne sais pas s'il existe une version française.

Inquiétante montée raciste en Europe

Certains événements survenus dernièrement en Europe laisse entrevoir une inquiétante remontée du racisme et de la xénophobie dans le vieux continent, à commencer par la victoire d'un parti d'extrême-droite en Suisse.

Ce parti, au nom des plus mensongers (Union démocratique du centre), avait basé sa campagne sur le racisme et la xénophobie, comme le démontre leur affiche électorale. À lire l'explication de la clarté de leur argumentaire, je me suis même demandée si ce n'était pas une joke !

L’UDC convainc par ses messages clairs et compréhensibles ainsi que par une politique rigoureusement bourgeoise.

Mais le plus inquiétant dans le message de ce parti, c'est qu'il cultive le préjugé que si tout va mal au niveau économique et social, que c'est de la faute aux immigrant(e)s, aux personnes non-blanches (à ce sujet, leur affiche est on ne peut plus claire). Comme si la criminalité avait une couleur ! Notons également le fait qu'un parti d'extrême-droite allemand (Parti national-démocrate) a repris le même thème. Ce parti souhaite une fermeture des frontières allemandes afin de préserver l'essence du peuple allemand.

Mais ce qui m'a littéralement fait bondir au courant de la semaine passée est une manifestation néo-nazie qui s'est déroulée en Russie, sous la surveillance de la police...et de l'armée. Vous avez bien lu. Des militaires pour protéger une foutue racaille, alors que les autorités russes ne font rien, mais là absolument rien, en réponse aux nombreux meurtres à caractère raciste et xénophobe qui furent perprétés dans ce pays. Malheureusement, cela ressemble davantage à un accord implicite.

J'aimerais bien terminer cet article en souhaitant que ce vent n'atteigne pas le Québec, mais à voir la tournure que prend actuellement la commission Bouchard-Taylor...je suis plus tentée de dire le contraire.

vendredi 9 novembre 2007

Il y a des signes qui ne trompent pas

Il y a une pancarte qui est apparue sur le balcon d'un de mes voisins. Je dois avouer que je suis un peu troublé, vu que c'est une pancarte d'Ann Bourget. Vous vous direz peut-être que c'est normal, puisque que je vis dans une coop. Et bien non. Le voisin en question serait plutôt un «X». La première affaire politique qu'il a mis sur son balcon c'est une grosse crisse de bannière de CHOI Radio X. L'an passé, il a mis une grosse pancarte de Mario Dumont. Et là, il met une pancarte d'Ann Bourget, la chef du RMQ. Vous comprenez mon malaise? J'ai beau dire et écrire depuis des semaines que la campagne de la chef de l'opposition vise à séduire l'électorat populiste, j'avoue que je suis un peu troublé de constater que ça marche...

Retour sur la conférence-débat de Québec solidaire

Hier, l'association de Taschereau de Québec solidaire organisait un débat-conférence sur le thème de l'impact pour la gauche qu'aura l'élection de Pauline Marois à la tête du PQ. J'y étais invité comme paneliste, avec Serge Roy et Lorainne Guay (finalement personne de SPQ-Libre ne s'est pointé). Une quarantaine de personnes étaient présentes.

Les trois panelistes étaient des gauchistes fini issus des mouvements sociaux et partageants plus ou moins la même ligne. Je suis un anarchiste assez pragmatique pour être impliqué à fond dans le FRAPRU, Serge Roy est un ancien (?) anarchiste assez pragmatique pour s'être impliqué à fond dans son syndicat (jusqu'à assumer la présidence nationale du SFPQ avant sa retraite) et Lorainne Guay est une ancienne ML qui continue de s'impliquer dans le mouvement communautaire et D'abord Solidaire (un groupe de réflexion de gauche "non-partisan").

Honnetement, le débat n'a pas vraiment levé. Aucun des panelistes n'a fait assaut d'électoralisme, tous ont reconnu et défendu l'autonomie absolue des mouvements sociaux de même que leur caractère profondément politique, tous ont reconnu que les luttes sociales sont essentielles pour faire bouger les choses et que ce n'est pas d'en haut, par le Parlement, qu'on va réellement pouvoir faire changer les choses. Tous s'entendait même pour dire qu'en l'état, la plate-forme actuelle de Québec solidaire n'était pas vraiment intéressante et que le risque était réel que le groupe ne devienne qu'un parti «comme les autres» s'il ne fait que se présenter aux élections! Les désaccords portaient essentiellement sur la nécessité ou non de militer activement dans un parti de gauche aujourd'hui (Serge Roy étant pour, les deux autres n'étant intéressé ni par QS ni même par la forme parti) et sur l'appréciation du PQ (Lorraine le plaçant dans la catégorie sociale-démocrate (avec QS!), les deux autres le plaçant à droite). Tout le reste n'était que nuance.

Voici quand même un résumé de ce que j'ai répondu aux questions posées par QS (je rappelle que j'intervenais d'abord à titre de militant du mouvement communautaire):

QS: Madame Marois tirait la conclusion suivante du résultat de son élection dans Charlevoix: « Il faudra écouter, comprendre, entendre. Nous pouvons devenir l'alternative ? ».
Ce serait quoi, selon vous, une politique alternative sous un gouvernement péquiste dirigé par Pauline Marois ? Peut-on lui faire confiance lorsqu’elle parle de social-démocratie renouvelée » ?


Moi ça me chicotte quand j’entends : « il faudra écouter, comprendre, entendre ». D’un côté, je me demande bien qui on veut écouter, qui on veut comprendre, qui on veut entendre. Tsé, il y a toute sorte de monde dehors, toute sorte d’opinions. D’un autre côté, je trouve que c’est anti-politique. La politique ce n’est pas seulement écouter, comprendre, entendre; c’est surtout parler, argumenter, convaincre. La société est traversée d’intérêts contradictoires. Le gouvernement prétend faire des arbitrages mais c’est impossible. Il faut choisir son camp. Et en général, ceux et celles qui nous parlent d’intérêt général, d’intérêt de la nation, c’est parce qu’ils ont choisi le camp des nantis. Même s’ils ne le disent pas, même si, des fois, ils n’osent même pas se l’avouer.

Qu’elle parle de « sociale-démocratie renouvelée » ce n’est pas bon signe. Ça m’allume une lumière rouge. En soit, ça ne veut strictement rien dire, ça fait très marketing, très « nouveau et amélioré ». Déjà, la sociale-démocratie est un concept extrêmement flou. Qu’est-ce qu’elle veut changer au juste, qu’est-ce qui ne fait pas son affaire? Est-ce que c’est la redistribution de la richesse? Est-ce que c’est l’universalité? Est-ce que c’est le côté social, le côté démocrate?

On m’a dit qu’au caucus, il n’y avait que deux députées qui défendaient la lutte à la pauvreté en général et le logement social en particulier. J’ai aussi cru comprendre que le PQ n’était plus pour le gel des frais de scolarité. Alors, non, je ne pense pas qu’on peut lui faire confiance.

QS: Peut-on parler d’une alternative aux politiques néolibérales du PLQ et de l’ADQ ?

Moi j’ai bien l’impression que la politique alternative du PQ ne sera qu’une question de style et de rythme. Le gouvernement va se gargariser de beaux principes, il y aura peut-être quelques mesures phares, mais ça va s’arrêter là. (je ne crache pas nécessairement sur les «mesures phares», les CPE, par exemple, sont un progrès certain, je dis juste que ce n'est pas suffisant pour parler d'alternative, ça ressemble plus à dorer la pilule)

Les députées « de gauche » vont nous recevoir, vont être très compréhensives mais vont nous expliquer gentiement qu’elles sont membres d’une coalition arc-en-ciel, que les ministres de droite sont pesants parce qu’ils ont les ministères économiques, que leur marge de manœuvre est réduite et patati et patata. À la limite, elles vont peut-être même nous demander de faire pression sur leurs collègues du conseil des ministres. Elles vont être pour la gratuité scolaire, mais après la souveraineté. Pour les HLM, mais après la souveraineté. Riez-pas. On m’a dit exactement ça durant la dernière campagne électorale!!!

Pour l’instant, ce n’est pas de politique alternative dont on peut parler mais de surenchère avec l’ADQ. Que ce soit sur l’identité, le nationalisme, l’économie. Il ne faudrait pas oublier non plus que le PQ a intégré la plupart des dogmes néolibéraux que partagent les autres partis. Que ce soit le déficit zéro, les baisses d’impôts, la tarification des services, les PPP, l’assouplissement des rigidités syndicales. Ils sont toute pour ça. Ils sont peut-être juste un peu moins zêlés que l’ADQ.

QS: L’arrivée de Pauline Marois change-t-elle la pertinence de l’existence de Québec Solidaire ? De son projet politique ? Son arrivée devrait-elle impliquer des changements en terme de stratégie ou de tactique électorale ?

Non. Dans une perspective de gauche politique (i.e. électorale), le PQ n’étant pas un parti de gauche, la pertinence d’un «vrai» parti de gauche comme QS demeure. Maintenant, quand à savoir si le projet de QS est pertinent, ça c’est une autre histoire!

Quand je regarde les documents et les interventions officielles de QS je ne peux pas m’empêcher de penser « tout ça pour ça? ». Ça me semble d'un réformisme absolument plat et pas radical du tout. Tant qu’à se faire détester et ridiculiser à ce point là par à peu près tout le monde, ça n'aurait pas pu être pour de quoi d’un peu plus… transcendant?

Pour ce qui est de la stratégie et de la tactique électorale, tout ce que je peux dire c’est qu’elle me semble plutôt … électoraliste. Et assez traditionnelle en plus. Il me semble qu’à ce jeu là, vous partez déjà perdants. Vous ne serez jamais capable d’accoter les moyens humains et financiers des grands partis. Il faudrait peut-être repenser tout ça un peu.

Il faut savoir choisir ses terrains. On a pas la même force sur tous les terrains. Quand on y pense, 3, 4, 5% des voix aux élections, c'est insignifiant. On ne fait trembler personne avec ça. Par contre, réussir à faire descendre dans la rue 3, 4, 5% des gens, ça c'est significatif. Avec ça on peut mettre n'importe quel gouvernement à genoux. C'est un pensez y bien.

Il faudrait peut-être aussi dire pourquoi ça prendrait des députés de QS à l’Assemblée nationale. Pour faire quoi au juste?

À mon humble avis, la gauche laisse trop de lousse aux vieux partis. En refusant de mordre et d’être franchement critique, en voulant à tout prix être respectable et clean, on joue le jeu des populistes. On pousse les déçus et les frustrés du statu quo dans les bras de l’ADQ.

QS: Un PQ avec Pauline Marois à sa tête modifiera-t-il le rapport de force en faveur de la gauche et des couches populaires ? Cela implique-t-il un changement d’attitude de la part des mouvements sociaux à son égard ?

Non. De toute façon, les mouvements sociaux ne devraient jamais d'attitude, peux importe qui est à la tête des partis. En fait la situation avec le PQ n’a jamais été aussi pire. La dernière fois qu’ils étaient dans l’opposition, avec Parizeau, ils avaient un peu été les portes-paroles de la gauche sociale au Parlement. Il avait été possible d’influer sur le programme du parti avant même qu’il ne soit écrit. Ils étaient prêts à nous recevoir et voulaient sincèrement notre avis.

Maitenant, c’est pire que pire. À part quelques députées, ils faut faire des pieds et des mains pour être reçu. Et ils se foutent de notre gueule. Certains nous voient même comme des ennemis personnels (Nicolas Girard, par exemple, n'a toujours pas digéré l'occupation de sa permanence par le FRAPRU... il est persuadé que c'était télécommandé par QS!). D’autres sont sûr qu’on va leur donner le « baiser de la mort » s’ils nous écoutent et qu’ils reprennent certaines de nos revendications. C’est pas mêlant, au moment où l’on se parle il y a plus d’écoute et d’ouverture du côté de l’ADQ! (Il faut dire que l'ADQ, contrairement au PQ, a tout à gagner à montrer un peu de sensibilité «sociale» et que eux ne se feront sans doute jamais traiter de gô-gôche s'ils reprennent certaines revendications du mouvement communautaire)

En fait, dans le cas précis du FRAPRU, ce n'est pas tant l'arrivée de Pauline Marois au PQ qui change la donne que le passage de certaines figures de proue du mouvement (tant au niveau local que national) dans le camp de Québec solidaire. L'une des forces du FRAPRU était son autonomie totale. Étant dirigé par des anciens ML, personne n'avait jamais songé à l'associer au PQ. Les libéraux savaient pertinement que quand on manifestait contre eux, ce n'était pas téléguidé et qu'on manifestait contre tout le monde anyway. Sauf que là le doute s'est installé et plusieurs ministres utilisent la militance personnelle de certains de nos militantEs pour essayer de politiser le mouvement et de nous peinturer dans un coin. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'écoute et la crédibilité a pris une débarque (c'est loin, très loin, d'être le seul facteur, ni même le plus important mais ça a joué). L’autonomie, donc, n'est pas qu'une vertue théorique.

À mon humble avis, il n'y a pas de «valeur ajoutée» au fait de présenter des militantEs connus des mouvements sociaux aux élections. Je demeure persuadé qu'ils sont plus utile pour la gauche en général et les classes populaires dans les mouvements que comme candidatEs ou militantEs d'un parti. Les périodes électorales sont très importantes pour des groupes comme le FRAPRU. C'est l'occasion de multiplier les pressions dans le but d'obtenir des engagements des partis, engagements avec lesquels on va pouvoir les écoeurer par la suite. Or, on peut pas faire les deux, c'est pas crédible et trop exigeant. Personnellement, mon choix est fait, c'est l’action pas les élections.

Juste un dernier détail sur Pauline Marois au PQ. Il y a un tout petit avantage. En remettant aux calendes grecques le référendum, il sera plus difficile pour les nationalistes d'utiliser la question nationale pour refuser de s'occuper de la question sociale... On va peut-être arrêter de se faire dire «après l'élection», «après le référendum», «après l'indépendance»...

QS: À l’heure de la tenue de la Commission Bouchard-Taylor et du débat sur l’identité nationale québécoise, l’arrivée de Pauline Marois apporte-t-elle un éclairage nouveau au projet indépentiste ?

Oui, avec ces propositions ça devient un projet strictement nationaliste. C'est un grand retour en arrière. Il n’y a pas de perspective de « libération ». Ça fait longtemps qu'il n'y a plus de perspective de libération, ça fait longtemps que les péquistes veulent faire la souveraineté pour «être normal». Mais là, c'est clair: c'est juste du nationalisme. Et du nationalisme ethnique en plus.

La commission nous montre surtout la quantité phénoménale de nationalistes réactionnaires. J’aurais jamais cru, mais les gens sont beaucoup plus perméables au nationalisme ethnique de droite que prévu. Et ça c'est inquiétant.

Y’a un ostie de trouble au Québec avec la conscience de classe. On est mêlé pas à peu près. Les gens franchissent des lignes sans s'en rendre compte. Le PQ l'a bien démontré avec son projet de citoyenneté québécoise. Un paquet de «spécialistes», d'élus et d'ex-ministre ont planchés là dessus. Et ils n'avaient même pas vu que ce serait inadmissible, à cause de son contenu de classe, pour certains des appuis les plus solides du PQ. Heille, quand les présidentEs de la CSN et de la FTQ (qui sont pourtant tout deux nationalistes) sont obligé de dire dans les médias «ça passe pas», c'est que tu as franchi une ligne pas à peu près. Et ce n’est pas en parlant de « citoyens » à tout bout de champ qu’on va régler ça!!!

Tout va très bien...

Tout va très bien dans notre belle société. La preuve? La croissance est au rendez-vous... Même dans les banques alimentaires! En effet, selon Radio-Canada, les salariéEs canadiens sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux «services» de ces banques d'un type particulier. Au Québec, ce sont plus de 150 000 personnes qui se sont tournées vers des organismes pour répondre à leurs besoins en alimentation au cours du mois de mars 2007. Wow. On est hot...

2000 étudiantEs de Québec en grève la semaine prochaine

Près de 2000 étudiantEs de l'Université Laval à Québec ont adhéré au «Plan B» de l'ASSÉ (qui consiste en une mobilisation avec journées de grève la semaine prochaine). Selon le décompte du syndicat étudiant plus de 30 000 étudiantEs membres de 19 associations étudiantes dans 7 établissements (4 universités et 3 cégeps) seront en grève pour la manifestation nationale du 15 novembre.

jeudi 8 novembre 2007

L'intégrale de l'émission du 7 novembre

Voici le MP3 de l'émission du 7 novembre. Au menu:

* Plusieurs retours sur l'actualité sociale et politique
* Une critique de film
* Entrevue avec Hélène Nazon sur le campement contre les frontières.

==> Le fichier de l'émission

(merci François!)

Action anti-recrutement à l'UQAC

Un lecteur nous a fait parvenir l'information suivante sur une action au Saguenay Lac-St-Jean (les photos ont été prises avec un cell) :

Mercredi le 7 novembre dernier à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), une cinquantaine d’étudiants et d’opposants ont perturbé une conférence du lieutenant-colonel Jean Trudel portant sur la mission canadienne en Afghanistan. Les étudiants étaient sur place pour dénoncer le recrutement effectué par les forces armées canadiennes dans les institutions d’enseignements ainsi que pour contester la présence militaire du Canada en Afghanistan.

Les opposants tenaient à scander haut et fort le fait que leur institution universitaire n’est pas un lieu de recrutement pour l’armée canadienne. Au contraire, ils considèrent que leur université est un espace de développement du savoir et de l’esprit critique. Selon Éric Gagnon, étudiant et militant anti-guerre, « considérant que 65% des étudiants de l’UQAC sont bénéficiaires de l’aide financière aux études, l’armée canadienne y a vu là un terreau fertile d’enrôlement, compte tenu de la condition précaire des étudiants ».

Selon Geneviève Larouche, étudiante et intervenante communautaire, « l’augmentation importante du budget militaire canadien est scandaleuse considérant que les services publics souffrent d’un sous-financement chronique et qu’on constate une hausse de la pauvreté dans l’ensemble de la population ».

Enfin, Etienne David-Bellemare, militant étudiant, a tenu à mentionner que « 70% de la population du Québec est contre l’intervention en Afghanistan et cette guerre d’occupation est le fruit de l’alignement de la politique étrangère canadienne sur celle des États-Unis. Qu’on se le tienne pour dit, nous serons présents à chaque apparition des forces canadiennes au Saguenay Lac-St-Jean ».


N.B.: Il y a maintenant un blogue anti-militariste au Saguenay Lac-St-Jean: resistance-02.blogspot.com.

Mise-à-jour: le blogue Résiste au militarisme souligne que Le Quotidien a fait un papier sur l'action.