lundi 11 février 2008

Eh bien, osons!

(réponse à Pierre Mouterde)

Dans sa dernière chronique sur Presse toi à gauche!, Pierre Mouterde réfléchi à haute voix sur le sens à donner aux célébrations du 400ème et se demande si on osera célébrer autrement. Il est clair que les organisateurs du 400ème ont décidé de jouer de prudence en évacuant toute dimension historique des célébrations. Ce qu'on nous «offre» gracieusement c'est un combo indigeste «Carnaval - Festival d'été» étalé sur l'année. Bref, du pain et des jeux.

L'histoire, c'est une évidence, est un enjeu politique. Donner un sens au temps qui passe, c'est nécessairement choisir un camp. Nous sommes nombreux et nombreuses à Québec à jongler avec les questions que se pose le chroniqueur. Déjà, des initiatives qui font le pont entre «l'histoire des vaincus» (quelle jolie expression!) et «un autre futur possible» émergent. Certains enthousiastes en sont même à fédérer toutes les énergies pour un Autre 400ème. Vous me pardonnerez de saisir la balle au bond pour mousser certaines des initiatives qui ont déjà pris forme et qui me semblent porteuses pour toute la gauche sociale et politique.

Luttes urbaines

La plus récente période historique de la «très belle ville de Québec» a été marquée par l'émergences des luttes urbaines. Depuis une quarantaine d'années, les quartiers centraux de Québec sont agités par une foule de luttes et d'initiatives citoyennes visant à se réapproprier la ville. Deux visions s'affrontent, celle des technocrates urbains et celle du monde ordinaire qui tiennent à garder des quartiers à échelle humaine où il fait bon vivre. L'an dernier, l'un des groupes phares de ces luttes, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, fêtait son 30ème anniversaire. Dans la foulée, un documentaire sur l’histoire et l’actualité des luttes du quartier a été produit. Heureux hasard, ce vidéo sera lancé en mars, en plein 400ème. Des projections publiques gratuites sont prévues à la Bibliothèque Saint-Jean-Baptiste les 27 mars, 3 avril et 4 avril à 19h30 et le 29 mars à 14h. (info: www.compop.net)

Antimilitarisme

Le 28 mars marquera le 90ème anniversaire des «émeutes de la conscription» qui ont secoué Québec en 1918. Québec fut à l'époque témoin d'une véritable révolte populaire contre la conscription. Du 28 mars au 1er avril 1918, des foules de plusieurs milliers de personnes ont affronté l'armée à main nue dans les rues du centre-ville. Cinq jours d'émeutes pendant lesquels un poste de police est assiégé, des journaux militaristes attaqués et un bureau de l'armée incendié. Cinq jours qui se sont terminés par un bain de sang dans le quartier Saint-Sauveur quand l'armée charge la foule, faisant 35 blessés et 4 morts. Évidemment, ce n'est pas le genre d'événements que les autorités veulent voir commémoré dans le cadre du 400ème de la ville.

Pourtant, 90 ans plus tard, le Canada est à nouveau en guerre et il y a une fois de plus un fossé entre le sentiment populaire --hostile à la guerre-- et l'action du gouvernement. La NEFAC a donc pris l'initiative d'appeler à un rassemblement pour commémorer le 90ème anniversaire des émeutes contre la conscription et pour manifester notre opposition à la guerre en Afghanistan. Les libertaires ne sont bien sur pas les seuls à avoir intérêt à sortir des limbes cette partie de notre histoire, c'est pourquoi l'invitation est lancée à toutes les composantes de la gauche. Vendredi le 28 mars, rassemblement à 17h, devant la bibliothèque Gabrièle-Roy. (info: www.nefac.net)

Le camp des 4 sans

Autre initiative intéressante: le camp des 4 sans, organisé par le FRAPRU, en juillet. L'idée est d'organiser un camp de longue durée, à Québec, pour sensibiliser la population et les gouvernements à un droit qui n’est pas pleinement respecté même dans un pays aussi riche que le nôtre : celui au logement. Comme le rappelait le journaliste du quotidien Le Soleil, Louis-Guy Lemieux, dans sa chronique du 23 janvier sur l’histoire de Samuel de Champlain, sa priorité à son arrivée à Québec était «de construire un grand logement pour mettre tout le monde à l’abri». Quatre cents ans plus tard, le logement est toujours une priorité pour beaucoup de gens.

Québec est devenu un symbole de cette réalité, elle qui, avec un taux de logements inoccupés de 1,2 %, est aux prises avec la plus grave pénurie de logements locatifs parmi les six régions métropolitaines du Québec. Pour le mouvement populaire, cette réalité ne peut être passée sous silence lors des Fêtes du 400ème anniversaire. D'où ce camp qui débutera le 3 juillet. Le FRAPRU a choisi de le baptiser le «Camp des 4 sans», parce qu’il s’adresse aux Sans toit, aux Sans l’sou, aux Sans droits et aux Sans voix. Une manifestation nationale, le 5 juillet, permettra au commun des mortels qui ne veut ou ne peut pas coucher dehors de se solidariser avec les militantEs du FRAPRU. (info: www.frapru.qc.ca)

L’Autre 400ème

Rendu en février 2008, il est un peu tard pour réfléchir à un autre 400ème possible. À mon humble avis, si on veut être porteur d’autres choses que ce que nous proposent les riches et les puissantEs, il faut se retrousser les manches et embarquer dans les quelques trains en marche. Arrêtons de rêver en couleur : si on veut un 400ème populaire qui fait sens, il ne faudra compter que sur nos propres moyens... comme d’habitude!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellentes initiatives!