dimanche 5 juillet 2009

Pendant ce temps en Espagne

La CGT, une centrale syndicale anarchosyndicaliste en Espagne, tenait en juin son XVIe congrès confédéral. Selon la délégation de la CNT --qui y était, contrairement à nous!-- la CGT revendique actuellement 160 syndicats regroupant environ 60 000 personnes. Notons que la syndicalisation n'est ni automatique, ni obligatoire en Espagne ce qui donne encore plus de poids à ce chiffre.

La CGT d'aujourd’hui est prise au sérieux: elle a une réelle capacité de mobilisation pour mener des actions, lancer et gagner des grèves comme ce fut le cas en 2008, par exemple, dans le secteur du nettoyage (Madrid) ou dans les transports (autobus de Barcelone). Il nous a semblé intéressant de pouvoir présenter la perspective qui anime la principale organisation libertaire de la planète. Ça tombe bien, les anarcho-syndicalistes français ont traduit une entrevue récente de Jacinto Caecero, réélu secrétaire de la CGT, dans laquelle il revient sur la campagne que mène la CGT contre la crise capitaliste et ses effets désastreux en Espagne avec son cortège de licenciements de masse et un taux de chômage proche de 20% qui ne cesse d’augmenter.


Face à la crise du système capitaliste que propose la CGT ?


Jacinto Ceacero : La CGT est une organisation bien implantée autant au niveau territorial qu’au niveau des différents secteurs d’activités. Ceci implique, d’une part, la possibilité d’articuler une réponse de lutte coordonnée dans la totalité du pays et dans les différents secteurs d’activité, dans une optique anticapitaliste très claire.

Et d’autre part, d’assumer les responsabilités et les engagements envers la classe ouvrière et les secteurs sociaux exclus dans le but d’empêcher que ce soient toujours les mêmes qui payent la crise.

Les militant-es de la CGT sont présent-es dans toutes les luttes qui sont en cours dans le pays, parfois en tant qu’animateur-trices du fait de leur implication directe dans le conflit ou en tant qu’ appui ou soutien aux personnes ou collectifs en lutte.

A la CGT, nous luttons au jour le jour, entreprise par entreprise pour la défense de l’emploi, contre les chômages techniques imposés, contre les licenciements en général, contre les arrangements et pactes sociaux conclus entre le patronat, le gouvernement et les syndicats majoritaires (UGT, CCOO).

D’autre part, la CGT se veut force de proposition afin de réaliser une unité d’action avec l’ensemble des organisations sociales et syndicales qui partagent avec nous la même volonté de lutter contre la capitalisme et pour une nouvelle société basée sur la justice sociale, l’égalité, la liberté et le partage du travail et des richesses.

La CGT est campagne contre la crise depuis un bon nombre de mois. Comment est ce que tu analyses le chemin parcouru ?


La CGT, en tant qu’organisation syndicale et sociale anarcho-syndicaliste et libertaire a été en lutte depuis sa création pour l’amélioration des conditions de travail, des droits syndicaux et sociaux de la classe ouvrière, des classes populaires, des personnes dépouillées par le système, exploitées, marginalisées, dépossédées. La crise, pour la classe ouvrière et pour cette majorité sociale exclue, a toujours existé, ce n’est donc pas une nouveauté. Et la CGT a toujours fait ce qu’elle pouvait contre cet état de fait.

Aujourd’hui, face la crise systémique en cours, crise économique, financière, écologique, énergétique, environnementale, sociale, crise des droits et des libertés, crise de l’emploi, la CGT continue en s’opposant au système et en défendant les travailleurs et travailleuses.

Nous ne nous sommes positionnés dans l’intérêt de classe des travailleurs et des travailleuses. Nous n’avons jamais signé d’accord dans leur dos, nous ne les avons jamais trahi leurs intérêts. De plus, nous essayons maintenant d’avoir une réponse qui soit le plus globale possible, le plus complète possible et qui englobe tous les territoires et tous les secteurs économiques.

Nous qui faisons partie de la CGT, nous sommes très critiques vis a vis de nous mêmes et nous aspirons toujours à une utopie. Ainsi, les choses peuvent toujours être améliorées.

Cependant, nos exigences sont telles que des changements profonds seront nécessaires et qu’ils devront être radicaux et devront englober les bases et les principes même du système capitaliste... De ce fait, nous réalisons en permanence que le chemin qu’il reste a parcourir pour les réaliser est encore long mais en même temps, nous pensons que notre organisation va dans le bon sens, suit le bon chemin et avec elle, toutes les personnes qui la composent.

Quelles sont les prochaines échéances de votre campagne contre la crise ?

Nous faisons face a une agression globale du capitalisme contre les travailleurs-seuses, une agression globale et planifiée, une agression qui a pour but l’exclusion absolue de la classe ouvrière des prises de décision. La CGT lutte dans la rue et se mobilise via des manifestations, par des appels à la participation au 1er mai pour qu’il redevienne un jour d’agitation sociale, par la coordination de semaines de luttes telle que celle que nous avons réalisé du 11 au 16 mai. Le tout est de créer des conditions d’agitation et de mobilisation afin d’aller à terme vers une grève générale. Seule une grève générale interprofessionnelle imposera au gouvernement des mesures sociales et obligera les patrons et les banquiers à payer la crise. La CGT ne tombera pas dans le piège qui serait de croire que les professionnels de la politique sont ceux qui vont résoudre les problèmes. La CGT ne tombera pas dans le chantage à la peur, à la démobilisation et à la résignation.

L’objectif a atteindre est une grève générale pour cet automne. Comment est ce que tu envisages la réalisation de cet objectif ?

Les objectifs de notre organisation, nous nous les auto-imposons à travers les accords adoptés lors de nos assemblées. En effet, tout au long de ces derniers mois nous avons pu observer, par les nombreuses assemblées, réunions, rencontres... qui ont lieu dans les syndicats, les fédérations locales, les différents territoires... qu’il existe des raisons d’envisager une grève générale, une mobilisation sociale globale qui bloque le pays et exige du gouvernement un changement de perspectives au moment de choisir les solutions, c’est a dire qu’ils arrêtent de donner des solutions aux patrons et a la banque, en pensant que c’est le seul moyen de solutionner les problèmes des travailleurs et des travailleuse. Il faut exiger un changement de direction et parler d’un autre modèle économique, d’un autre modèle social oppose au néolibéralisme. La seule règle du jeu néolibéral est de lutter tous contre tous pour voir qui finit avec le maximum de privilèges, de bénéfices, en piétinant, si nécessaire, les droits des autres. Nous parlons d’un changement de société basée sur la solidarité, le partage et l’égalité.

Puisqu’il y a des motifs suffisants et puisque l’organisation en a la volonté, celle-ci se fixera la convocation d’une grève générale comme l’un de ses objectifs, et l’automne pourrait être le moment le plus indique pour son déroulement. Mon opinion personnelle est que la grève générale est un instrument très important dans une lutte, et vu le nombre d’actions locales et sur les lieux de travail qu’elle a déjà mené, la CGT a montre qu’elle était prête a s’en servir. Nous déciderons ensemble du moment le plus adéquat pour prendre définitivement la rue.

Comme je l’ai dit, l’automne peut être un bon moment pour une grève générale et nous devrons chercher un maximum d’appuis possibles sans pour autant renoncer a nos positions. Cependant, si une quelconque reforme touchant au travail ou si une quelconque agression particulièrement préjudiciable aux travailleurs et aux classes populaires était imminente, je pense que l’organisation avancerait la convocation de la grève générale.

Quels sont les buts de cette campagne ?

Nos buts sont réalistes et nous sommes conscients que pour réussir à paralyser le pays avec une grève générale, il est nécessaire de le faire en réunissant un maximum d’organisations syndicales et sociales afin d’être capables ensemble de transmettre notre message anticapitaliste aux travailleurs-seuses, à nos collègues, aux exclus et aux exploités. La CGT sera là pour assumer ses responsabilités en tant qu’outil au service des travailleurs.

Il faut s’unir, il faut s’organiser, il faut lutter, il ne faut pas se soumettre, il faut vivre en accord avec notre mode de pensée, il faut arrêter d’être des consommateurs, il faut montrer l’exemple de la cohérence, de la dignité et de la lutte, il faut fuir le chant des sirènes du capitalisme.

Traduction : Roland.
Source: Secrétariat international de la CNT

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