dimanche 1 novembre 2009

Ville de Québec: l'opposition sera dans la rue


Mes premières réactions à chaud sur les résulats de l'élection à Québec.

Progression de l'abstention

Indépendamment des excuses conjoncturelles, comme le résultat connu d'avance à la mairie, l'abstention continue de progresser à Québec. De 48% lors de la dernière élection générale, l'abstention dépasse maintenant les 50% (selon les données préliminaires de la Ville, l'abstention serait à 50,1% (source). C'est donc dire que la crise de la démocratie représentative demeure aussi forte qu'auparavant. Pour remettre en perspective les résultats spectaculaires du maire, disons que ramené à l'ensemble des électeurs ça lui fait plutôt autour de 38%...

La fin d'une époque

Au moment d'écrire ces lignes, le Renouveau municipal de Québec (RMQ) aurait subit un balayage complet aux mains de l'Équipe Labeaume. Cette cuisante défaite marque la fin d'une époque politique ouverte à Québec en 1977. En effet, bien que fondé en 2000, le RMQ était l'héritier du Rassemblement populaire de Québec officiellement fondé en 1977 (premier élu en 1981). Ce parti était issu d'une opposition populaire à la rénovation urbaine qui s'était développé durant les années 1970 et qui avait abouti dans la création d'un véhicule électoral. L'exercice du pouvoir tout au long des années 1990 jusque dans les années 2000 allait prouver toutes les théories libertaires sur la politique politicienne. De véhicule électoral pour ceux et celles qui voulaient radicalement changer la ville, le parti est devenu un lieu de pouvoir électoraliste et opportuniste puis la coquille vide apolitique qui vient d'être balayée. Comme dirait l'ancien maire l'Allier: «il n'y a pas d'avenir dans le passé». Le RMQ risque de ne jamais s'en relever (ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, au contraire...).

L'opposition dans la rue

Avec seulement deux conseillers indépendants (pour combien de temps?), le mot d'ordre «l'opposition dans la rue» devra devenir plus qu'un slogan. La période qui s'annonce ne sera certes pas facile mais rien n'est encore coulé dans le béton. À nous d'aller renforcer les groupes populaires --voir d'en créer là où il n'y en a pas-- et de redéployer une autre politique dans les quartiers. Une alternative libertaire en lien avec les luttes urbaines.

8 commentaires:

Farruco a dit…

Ce qui est rigolo, c'est que personne ne dénonce le "score à la bolchévique" qu'a obtenu le maire Labeaume.

Ailleurs dans le monde, un chef d'état qui rafle la mise aussi massivement est tout de suite suspect et dénoncé par la "communauté internationale".

Les maires des autres villes vont-ils dénoncer Labeaume?

haha

Crocrodile a dit…

C'est plutôt l'inverse. Comment, maintenant, nous à Québec pourront dénoncer un régime X lorsqu'il dira avoir des scores de plus de 80%. Pourra-t-on honnêtement dire que c'est impossible?

Parce que, dans un contexte démocratique, nous venons, comme d'autres villes au Québec, de prouver qu'un élu peut l'être avec une quasi unanimité. Démocratiquement.

Anonyme a dit…

Faut être intellectuellement honnête -- ce qui est beaucoup demander à certains...

Les gens endossent tout simplement massivement Labeaume, à savoir l'homme et son programme.

Et faut aussi être cohérent. Comment peut-on parler de "score à la bolchévique" et de proclamer que l'opposition sera dans la rue, alors que sous un tel régime les rues étaient on ne peut plus tranquiles...

Nicolas a dit…

L'honnêteté intellectuelle c'est aussi de reconnaître que ce sont les gens qui votent qui ont appuyé massivement Labeaume. C'est fort mais c'est quand même bien juste 38% des électeurs inscrits qui sont aller voter pour lui! Aussi, on ne sait jamais au juste pour quoi les gens votent: à la gueule du client, en fonction d'enjeux particulier, pour, contre, etc. De plus, Labeaume a refusé de se donner un programme sur le prétexte que les gens ne lisent pas ça les programmes... La cohérence ça marche dans les deux sens!

Anonyme a dit…

Vous dites: "C'est fort mais c'est quand même bien juste 38% des électeurs inscrits qui sont aller voter pour lui!"

Vous n'allez quand même pas insinuer que toutes les personnes qui n'ont pas voté auraient votées contre Labeaume et son équipe!

Les gens qui votent sont assez représentatifs de l'ensemble de la population. Vous allez probablement dire que c'est faux et que les marginalisés sont peu enclins à voter. Mais, ce vacuum est contrebalancé, il me semble, par les "populistes" de la classe moyenne qui ne se donnent pas la peine d'aller voter ou encore les personnes âgées particulièrement conservatrices qui ne sont plus en état d'aller voter. Donc, on peut considérer le vote comme globalement représentatif.

PS Pour votre information, j'ai voté Labeaume comme maire, mais pour Buissières, candidat indépendant, comme échevin d'arrondissement.

Nicolas a dit…

Tout ce que je prétends c'est que les gens qui ne sont pas allé voté... ne sont pas allé voté.

La seule chose que l'on peut affirmer hors de tout doute c'est que ceux qui ont voté pour X, Y ou Z ont voté pour X, Y ou Z. On ne peut pas extrapoler à partir des électeurs les opinions des non-électeurs.

Sinon, appui ou pas, les sondages démontrent également que les gens ne le suivent pas aveuglément. Par exemple, même avec 89% d'appui dans le dernier sondage du Soleil, il y avait quand même de fortes majorités qui ne l'appuyait pas dans des dossiers clefs comme les négociations avec les employés et le financement 100% public d'un éventuel colisée. (voir ici)

Il n'y avait pas d'alternative à Labeaume. C'est ça la réalité. Même s'il y en avait eu une, il aurait été sans doute élu (à Québec on réélit toujours les maires sortants). Le monde est à l'aise avec lui comme maire. Fine. Mais ça ne veut pas dire que le monde va être d'accord avec tout ce qu'il fait. Il va y avoir de l'opposition. C'est écrit dans le ciel. Il y en a d'ailleurs déjà sur plusieurs projets. Comme elle n'aura pas vraiment de place à l'hôtel de ville, elle va légitimement se transporter dans la rue. C'est déjà le cas anyway. Et il ne faudra pas compter sur les anarchistes pour se taire. L'élection on s'en sacre, choisir entre différents politiciens interchangeables (n'oublions pas que nombre de conseillers d'Équipe Labeaume, et même le maire!, ont d'abord commencé au RMQ), mais ce qui se passe au jour le jour dans nos quartiers, c'est une autre paire de manche.

Anonyme a dit…

Je vois mal comment vous pouvez dire qu'on ne peut pas extrapoler à partir d'une élection -- "On ne peut pas extrapoler à partir des électeurs les opinions des non-électeurs" -- mais qu'on pourrait le faire à partir d'un sondage -- "Sinon, appui ou pas, les sondages démontrent".

Quant à l'opposition raisonnable et justifiée, c'est vrai qu'elle est nécessaire car personne, même lui, n'est omniscient, tout-puissant soit-il. Mais, les médias feront leur job et pas de doute que les groupe organisés comme le vôtre contineront à le faire. Cela dit, Labeaume a bel et bien reçu un endossement massif qui lui donne une réelle légitimité qu'il serait bien mal venue de déjà vouloir lui soutirer.

Et comme observateur, je constate que les élus font généralement montre de plus de flexibilité au niveau deleur pensée et de leurs programmes que les leaders des groupes de pression...

Anonyme a dit…

On a un maire à l'image de la ville, ou d'au moins 38/100 de la ville, c'est à dire un gros cave de droite.
C'est tout ce que ces élections prouvent. On est pas en présence d'une abstention libertaire (je sais bien que ce n'est pas ce que dit l'article de Nicolas non-plus) mais d'un désintérêt pour la politique, un je m'en foutisme, quoi...
Alex