mardi 30 mars 2010

Budget 2010: Une déclaration de guerre

Si les symboles valent encore quelque chose, en voici tout un: il n'y a que le Conseil du patronat pour appuyer dans son ensemble le budget déposé aujourd'hui à Québec. Toutes les autres organisations de la société civile, incluant la fédération des PME (!), le dénoncent. Il y a bien quelques communiqués positifs saluant telle ou telle mesure mais globalement c'est négatif. Et il y a de quoi, ce budget est une véritable déclaration de guerre.

Un point de vue anarchiste
Version courte...

Nos camarades du Collectif de Montréal de l'Union communiste libertaire (UCL) ont engagé une équipe spécialisée en économie politique afin de décortiquer, analyser et résumer, rien que pour vous, les tenants et aboutissants du plan financier de l'État.

Leurs spécialistes se sont donc tappé, aujourd'hui, les quatre-cent-quelques pages du budget afin d'en dresser une synthèse fidèle. Voici donc les grandes lignes de ce fameux budget, en version abrégée:



* * * * *

Un point de vue anarchiste

Version (un peu plus) longue...

Dans ce budget, tout le monde passe à la caisse. Chaque année, le gouvernement va venir nous chercher de plus en plus d'argent dans nos poches. À la fin, en 2014, l'État va nous prendre 3,5 milliards $ de plus par an. L'ennui c'est que le gouvernement a choisi de le faire en s'attaquant au peuple et en épargnant l'élite et les compagnies.

Les moyens de le faire sont nombreux. Le gouvernement prévoit d'abord nous saigner en augmentant la TVQ de 1% cette année, 1% l'an prochain. S'il l'avait fait au moment même où le gouvernement fédéral la baissait, ça n'aurait pas vraiment eu d'impact. Mais maintenant il est trop tard, les prix ont été réajusté, les commerçants se sont pris leur cote depuis longtemps et la hausse sera tout simplement refilées aux consommateurs. Entre autres joyeusetés, on annonce également une hausse d'hydro, l'introduction d'une taxe santé uniforme et d'un ticket modérateur, des hausses de frais de scolarité, de la taxe sur l'essence, etc. À noter qu'on ne touche ni à l'impôt des particuliers, ni à celui des compagnies...

Injustice sociale

Au Québec, l'élite économique (le 1% de la population au top de la pyramide) pèse 9% de la rémunération totale. Comme si ce n'était pas suffisant, le jeu des déductions fiscales font que leur revenu est moins imposé que celui de la classe moyenne (29% vs 39%). Plutôt que de leur refiler au minimum 9% de la facture, voir plus, le gouvernement, en choisissant la voie des tarifs et des taxes uniformes, a grossièrement décidé de leur en refiler à peu près leur poids démographique. C'est essentiellement la soit-disant classe moyenne, le monde ordinaire donc, qui va payer la facture. Selon un calcul de Rue Frontenac, une famille de deux adultes et deux enfants, dont le revenu sera de 60 000 dollars, paiera 1 044 $ en taxes et tarifs en 2013.

Une déclaration de guerre qui appelle une riposte

Le budget du Québec est une déclaration de guerre. Un budget de lutte classe qui accroît l'écart des revenus en faveur des riches. Comme on pouvait s'y attendre, ils nous font payer leur crise. Il faut riposter. Ça commence jeudi le 1er avril à Montréal! Rendez-vous à 13h00, au Carré Phillips (métro McGill), pour une grande manifestation nationale. Des bus partent de différentes régions du Québec, informez-vous auprès des associations étudiantes ou des groupes populaire de votre coin (à Québec composez le 418-523-4158).

La riposte est nécessaire et il est heureux que pour une fois les mouvements sociaux aient plus ou moins réussi à s'unir au delà de leurs différences et de leurs luttes spécifiques. C'est un pas dans la bonne direction. Nous aurions bien besoin d'un «tous ensemble» à la française et d'une grève générale. Pour s'en approcher, il faudra développer un mouvement anticapitaliste combatif et une gauche libertaire cohérente, c'est-à-dire révolutionnaire.

lundi 29 mars 2010

[radio] Ronald Creagh - Utopies américaines

Chouette entrevue trouvée sur Anarsonore (via le perce-oreille)...




Ronald Creagh - Utopies américaines

Entretien avec Ronald Creagh réalisé dans les studios de Canal Sud Toulouse le 11 mars 2010 aux côtés de 2 membres de l’Athénée Libertaire Groupe Albert Camus (CGA) qui l’ont fait venir le lendemain pour présenter sa dernière parution "Utopies américaines, expériences libertaires du XIX° siècle à nos jours" chez Agone, oct.2009.

Du voyage du socialiste gallois Robert Owen en 1825 aux premières communautés fouriéristes, des mouvements contestataires des années 1960 à l’écologie et aux groupes punks ou lesbiens d’aujourd’hui, les États-Unis ont abrité nombre de communautés utopiques. Souvent installés comme jadis les moines dans des paysages magnifiques et isolés, mais aussi dans l’hôtel d’un village de l’ancienne Réserve de l’Ouest ou exploitant une mine de charbon sur leur territoire, ces groupes mettent à l’épreuve une volonté de vivre en dehors de la logique de la société dominante.

En revenant sur près de deux siècles d’expériences communautaires, ce livre lève non seulement le voile sur un phénomène méconnu et toujours actuel, mais le réinsère parmi les tentatives de lutte contre un système omnipotent, ouvrant une autre voie, originale et non exclusive, vers l’émancipation sociale.

L’histoire des communautés intentionnelles aux États-Unis montre que leur apparition provient de la réflexion et d’un libre choix plus que des conditions économiques et sociales.

Les colonies américaines, puis la jeune République présentaient sans doute une situation favorable à une solidarité communautaire. Dans les premiers temps, les régions faiblement peuplées bénéficiaient d’un réseau de communications peu fiables mais de terres peu coûteuses. Les agglomérations bénéficiaient parfois de l’aide de quelque philanthrope ou de spéculateurs avisés, prompts à offrir leurs propriétés inoccupées ou à investir leur argent pour des raisons diverses. Il existait même parfois des structures d’accueil, vestiges de communautés antérieures.

La disponibilité des terres et de l’argent a ainsi bénéficié aux associations warréniennes ; de même que les communautés owéniennes, elles se sont établies dans une conjoncture où les prix des terrains étaient en baisse et le crédit disponible. Aucun de ces groupes n’aurait pu se former sans ces conditions, et lorsque ces deux tendances se renversèrent, les groupes furent généralement balayés par les spéculateurs fonciers. Les circonstances changèrent par la suite, mais la presse locale fut toujours prête à claironner une nouvelle initiative collective. Plus récemment, une abondante littérature utopique, y compris dans la science-fiction, invente fréquemment de nouveaux types de société

En grève le 31 mars et le 1er avril

Selon un décompte trouvé sur Presse toi à gauche! quelques 10 000 étudiants et étudiantes seront en grève le 31 mars et 22 000 le 1er avril pour participer à une grande manifestation contre les hausses de tarifs, les compressions et les privatisations.

L'ASSÉ, notamment, compte 3 cégeps membres et une faculté universitaire en grève (deux autres cégeps membres ont des votes à venir). Du côté des indépendants on parle de 1 cégep et deux facultés de l'UQAM (un vote de cégep à venir). Il y a même un cégep membre de la FECQ, à Trois-Rivières, qui tiendra un vote de grève.

La mobilisation étudiante, donc, est bien enclenchée. Reste à voir ce qu'il en sera des autres secteurs... On sait déjà que le FRAPRU y sera en nombre, de même que plusieurs tables régionales d'éducation populaire. L'information du côté syndical n'est toutefois pas encore rentrée (mais la rumeur veut que la FTQ-Construction (!) prenne la rue et ce ne sera pas pour faire le service d'ordre!!). Notons que des cortèges anticapitalistes et libertaires sont également annoncés.

Il est probablement encore temps de réserver une place dans les autobus en partance de Québec. Vous pouvez vous informer auprès du RÉPAC (418-523-4158) ou de certaines associations étudiantes (comme l'AESS à Laval ou les assos de cégep qui participent pour la plupart).

mercredi 24 mars 2010

Malinovski à Québec

Texte repiqué du blogue La Commune de nos amis de Montréal...


J’ai toujours eu pour mon dire qu’on n’avait pas assez écrit sur le sommet des Amériques à Québec en 2001. En fait, c’est un peu la honte que, outre un documentaire de l’ONF, il n’y ait pas d’ouvrage sérieux publié au Québec sur la question. Je croyais que David Graeber, Direct Action, An Ethnography nous avait pris de vitesse sur notre propre terrain. Rassurez-vous, même s’il passe plus de 200 pages à nous faire un ethnographie du sommet des Amériques, ce n’est pas le cas.
Pour Graeber, cet événement est un prétexte pour parler de l’organisation des groupes libertaires. Nostalgiques du sommet des peuples ou de la CLAC/CASA tenez-vous le pour dit : vous aurez quelques bons moments, mais on ne vous offre pas 500 pages de photos souvenir. Ça n’enlève rien, au contraire, à la qualité du travail.

Sur le terrain
L’observation très participante que pratique Graeber a l’avantage de nous glisser tout près du sujet. On le suit, à travers ses notes, ses PV verbatim de plusieurs rencontres et ses carnets personnels, non seulement dans les événements entourant le sommets des Amériques, mais aussi dans plein d’autres réunions et actions militantes. Comme il l’annonce d’entrée de jeu, il ne s’agit pas d’un livre à thèse, mais bien d’un travail d’ethnographie comme le faisait Evans-Pritchard chez les Nuers ou Malinovski en Mélanésie. Le travail est essentiellement descriptif et l’appareillage théorique (dans lequel se croisent, entre autres, de Holloway, Castoriadis et Debord) est surtout utile pour tenter des explications a posteriori ou pour mieux faire saisir le point de vue étudié.

Cette technique audacieuse est appropriée. Pour la recherche universitaire, la terra quasi incognita que représente les organisations libertaires méritait bien une description de fond en comble : qu’on s’attarde en détail à la culture, aux prises de décisions collectives, aux actions et au rapport avec la police et les médias pose un cadre qui permettra de mieux étudier et de mieux comprendre cet univers militant.

Étonnamment, ce n’est pas sur les « actions directes » en tant que telle que Graeber est le plus intéressant. D’abord, les anars sont loin d’être les seuls à utiliser certaines de leurs méthodes (manif, piquets de grèves, etc.). Ensuite, Francis Dupuis-Déri avait déjà fait avancer le travail de réflexion sur une méthode qui leur est plus propre : le Black Block.

À l’opposé, le chapitre sur les processus démocratiques se révèle passionnant. Il s’agit à la fois d’une contribution fondamentale du mouvement libertaire à la gauche, mais aussi d’un travail de recherche rigoureux et original. On y démystifie certaines idées reçu sur le processus consensuel, mais on signale aussi ses limites et défis. Bien sûr, on peut parfois regretter une présentation un brin caricaturale des autres groupes de gauche (trots, léninistes, réfos, etc.). Est-ce la gauche étatsunienne qui est particulièrement sclérosée? Possible. Quoiqu’il en soit, Graeber nous dépeint avec rigueur le point de vue des anars et non la vérité sur ces autres groupes qualifiés de sectaires.

Il nous offre aussi une réflexion étendue sur le rapport entre activistes et médias. On commence par se taper la réflexion plutôt classique sur les médias de masse et la structure qui les force a offrir une couverture systématiquement désavantageuse des actions directes. Plus original, cependant, sont les exemples très précis de mensonges purs et simples de la part de journalistes. Non pas parce que leur boss leur a dit de mentir, mais simplement parce que c’est tellement plus simple à écrire et à comprendre quand on organise les faits de la bonne façon; même s’ils ne sont pas arrivés de la bonne façon. Alors que les flics provoquaient, c’est tellement coutumier de dire que c’était les anars qui fessaient comme des malades. Tout le monde comprend ça, non?

Faire le débat
Graeber met la table pour un débat plus vaste. D’accord, les libertaires ne se perdent pas dans les débats sectaires et théoriques vaseux et ne basent pas leur action sur une approche « idéaliste » du monde qui les feraient commencer « par en haut ». Néanmoins, quand ils s’entendent sur un objectifs commun pour leur groupe d’affinité (ou qu’ils en rediscutent) n’y-a-t’il pas là un lieu de débat théorique aussi crucial que pour n’importe quel autre groupe? Ne se peut-il pas qu’une mauvaise définition de départ des objectifs communs (ayant peut-être pour cause une absence de débat théorique développé) nuise à l’avancée des objectifs pratiques?
Dans la tension, très bien décrite par Graeber, entre action directe et représentation médiatique, comment peut-on parvenir à une conclusion claire? Bien sûr, on veut ce « nouveau monde construit dans la coquille du vieux », mais en même temps, quand l’espace public et la capacité de parler dans un lieu où être entendu de tous et toutes disparaît, comment croire sincèrement que de simples actions d’éclat sauront « contaminer » les gens autours?

Des ouvrages théoriques d’une telle qualité rappellent qu’il serait bon, un jour, de mettre sur pied un lieu de débat à gauche où l’on pourrait discuter sans tenter de recruter ou d’excommunier. La diversité des tactiques, au centre de la stratégie de Québec 2001, appelle peut-être à une concertation/débat dans un lieu de respect des choix stratégiques des autres où il serait possible de penser les coup un peu d’avance sans s’engueuler sur des questions de chapelles. Difficile de lire Graeber sans penser que le dialogue est possible.

SIMON TREMBLAY-PEPIN

GRAEBER, David, Direct Action, An Ethnography, Oakland : AK Press, 2009, 600 p.

+ce texte est tiré du journal Le Couac, mars 2010.

mardi 23 mars 2010

Entrevue post-tremblement de terre avec Noam Chomsky

Alors qu'on déblaie les débris d'Haïti et qu'on se prépare à continuer exactement comme avant, on en profite pour faire des bilans.

On critique beaucoup l'aide des ONG internationales. On dit même que certaines ont utilisé la catastrophe pour augmenter leur visibilité face à de grands bailleurs de fonds: L'ACDI ou la fondation Gates.

Ya pas de limite à la cupidité humaine.

Mais ya aussi des voix alternatives. Vous avez sûrement tous lu l'article du dernier Cause Commune sur Haïti, mettant à jour toute l'hypocrisie canadienne dont les compagnies siphonnent les richesses naturelles. On y dit même que la cause de la misère d'Haïti viendrait d'ailleurs.

Noam Chomsky a livré une entrevue à ce sujet, replaçant la misère d'Haïti dans son contexte. Ça nous parle du rôle du Canada, au côté des États-Unis et de la France, comme étrangleur d'Haïti. Le rôle de l'armée États-Unienne. Comment, jadis riche en agriculture, le pays en est venu à importer ses denrées alimentaires. Saviez-vous que le Vénézuela est le premier pays à avoir annulé la dette haïtienne?

À voir sur Noam Chomsky Post-Earthquake interview  

Il y a aussi une analyse des médias francophones québécois de la crise. Pour vous donner une idée:
Quebec, home to one of the world’s largest Haitian diaspora populations, is being told that Haiti should once again be controlled by everything but the will of its own majority population; that Canadian crimes in Haiti are not worth mentioning; that Haitians possess cultural flaws that perpetuate their suffering; and that Haiti’s most popular political figure and the party he led – the most popular in the country – have no place in Haiti’s future. It is clear that unless Quebeckers read outside the mainstream media they will support ideas destined to perpetuate the errors of the past and prolong the suffering of the people of Haiti.
A voir par ici: Quebec media on Haiti since the earthquake

[vidéo] Un 15 mars à Hochelag'

Deux courts métrages trouvé sur un certain média social portant sur la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars dernier à Montréal. Ça tient plus de l'essai cinématographique que du reportage indépendant (pour ça, faudra aller visiter le travail de PatC sur le CMAQ). Étrangement c'est ...beau, calme et (légèrement) surréaliste. À voir pour relativiser ce qu'on a pu voir dans les massmédias. Comme quoi tout est dans l'angle de traitement.



lundi 22 mars 2010

Blocus d'usine à Beaupré



Selon les médias régionaux, une centaine de travailleurs et de travailleuses d'AbitibiBowater bloquent l'entrée de l'usine de Beaupré depuis 6h ce matin. Le blocus vise à empêcher la compagnie de sortir du matériel de l'usine. Le plus récent bulletin disait qu'une vingtaine de personnes étaient encore sur les lieux en soirée. Une vigile permanente est installée sur les lieux.

L'usine est fermée mais la compagnie doit encore de l'argent à ses ancien-ne-s employé-e-s (12M $ en primes diverses!). Comme AbitibiBowater s'est placée sous la protection de la «loi sur les arrangements avec les créanciers», la seule garantie qu'ont les gens de la région d'être payé un jour c'est d'empêcher le démantellement des machines. C'est là leur ultime rapport de force.

Le geste est qualifié de symbolique par le président du syndicat local. Pourtant, il s'agit bel et bien d'action directe. De tels blocus --parfois agrémenté de menaces diverses de détruire le matériel-- ont donnés des résultats un peu partout dans le monde (de la France à l'Ontario). C'est peut-être pas «légal« mais c'est tout à fait légitime! Lâchez pas le morceau!

Y'a des vidéos sur le site de LCN et sur celui de Radio-Canada (Le Soleil a aussi fait un papier sur le sujet).

Notons que la reprise des activités de l'usine sous contrôle capitaliste s'avère très improbable (et ce n'est pas faute d'avoir essayé, notamment avec un comité de relance appuyé par les élites locales!). Curieusement(!), personne ne semble avoir pensé à la relancer sous contrôle ouvrier, comme ça se fait en Argentine, au moins en attendant le versement des sommes dues. Une idée à creuser?

samedi 20 mars 2010

Jaser politique rend plus heureux


La profondeur d’une conversation fait-elle le bonheur? Chose certaine, elle y contribue, démontre une récente étude américaine. Les gens qui parlent de politique, d’affaires publiques ou de philosophie semblent plus heureux que ceux qui échangent sur la pluie et le beau temps, a en effet découvert Matthias R. Mehl, chercheur au département de psychologie de l’Université de l’Arizona.

« En engageant une conversation significative, on finit par faire naître du sens dans notre monde chaotique, avance-t-il. Cela permet de connecter avec notre interlocuteur, et on sait que les liens interpersonnels sont un fondement du bonheur.» poursuit M. Mehl.

Source: Le Soleil

Il faut bien dire qu'en dehors de vous rendre plus heureux, la raison pour laquelle il faut échanger est qu'il faut participer au discours public. C'est un devoir citoyen. C'est aussi le meilleur antidote à la connerie universelle.

Notez que vous pouvez considérer ce billet comme une incitation à partager avec vos voisins ou vos collègues de travail. Ça pourrait aussi bien être une invitation à participer aux Mardis de l'anarchie, lieu d'échanges et de débats hebdomadaire. Le 23 mars, ce sera une présentation et réflexions post-résistance aux Olympiques.

Pour reprendre les mots de Normand Baillargeon "Devant l'état du monde dans lequel on vit, on a pas le choix que d'agir pour essayer de changer les choses. Le bonheur et l'identité c'est à trouver dans ces combats là, dans le partage et la discussion avec d'autres. Il ne faut pas rester chez soi, c'est ça que le système veut, c'est qu'on reste chez soi."



D'ailleurs parlant du loup, La bas si j'y suis revient sur un entretien accordé avec lui lors de la sortie du Petit cours d'auto-défense intellectuelle. Tout a été enregistré à l'Agitée en octobre 2009. Ils ont ressorti l'émission suite à l'expérience de Milgram v2.0 diffusée à la télé française (entre vous et moi, le remède à la télé, c'est la défenestration).

À écouter sur la-bas.org/article.php3?id_article=1888

vendredi 19 mars 2010

L'État et le changement social, c'est toujours aussi tordu (même au Venezuela)

Information lue sur la Bataille socialiste, via le Forum anarchiste - révolutionnaire. Décidément, le «socialisme du XXIe siècle» a de forts relents de celui du XXe...

Venezuela : un pouvoir de plus en plus tendu

Un nouvel épisode de répression du mouvement social, heureusement, semble-t-il, sans conséquences durables pour les militants concernés, témoigne des réactions allergiques du gouvernement chaviste aux expressions des revendications sociales.


Le 12 mars 2010, des membres de différents syndicats, soutenus par quelques militants politiques avaient prévu de manifester à Maracay, la capitale de l’État d’Aragua, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Caracas. Ils entendaient protester contre la politique économique du gouvernement, mais aussi contre la criminalisation de la protestation sociale et l’impunité dont jouissent les instigateurs d’assassinats de combattants sociaux, de dirigeants ouvriers ou paysans non ralliés au pouvoir.

Leur rassemblement – 200 à 300 personnes – fut rapidement entouré de tous côtés par les forces de l’ordre, puis attaqué à coup de bombes lacrymogènes. Une vingtaine de manifestants furent arrêtés par les forces de l’ordre et subirent au commissariat une garde à vue qu’on pourrait qualifier d’ordinaire, si ce n’est qu’on les obligea à se déshabiller complètement tandis qu’on filmait leur visage, et qu’on en entassa huit d’entre eux dans une cellule de 2 mètres carrés où séjournait déjà depuis six mois un garçon mineur. Un représentant du parquet vint leur dire qu’ils seraient inculpés pour obstruction de la voie publique, incitation à commettre des délits et outrage à la force publique. Leur comparution au tribunal était prévue pour le lendemain. Ils furent cependant libérés quelques heures plus tard.

Selon Rafael Uzcategui, qui assistait à ce rassemblement en tant qu’observateur, représentant l’organisation de défense des droits de l’homme PROVEA, et qui fut arrêté, c’est la rapidité et l’ampleur des protestations, y compris internationales, qui amenèrent le gouvernement central à demander aux autorités locales de relâcher les manifestants.

Il est utile de préciser que l’État d’Aragua et la ville de Maracay sont tous deux dirigés par le PSUV, le parti majoritaire chaviste, et qu’il ne s’agit donc pas d’un épisode de l’affrontement entre le gouvernement et l’opposition parlementaire. Comme le rappelle Rafael Uzcategui, qui fait également partie du collectif de rédaction d’El Libertario, le pouvoir cherche à museler systématiquement toute expression du mécontentement populaire. Ainsi, il y aurait actuellement environ 2 200 personnes attendant de passer en jugement simplement pour avoir voulu exprimer leurs revendications. On trouvera sur le site de l’OCL l’appel lancé en décembre 2009 par des organisations vénézuéliennes pour la « défense du droit à la protestation sociale ».

Il faut naturellement replacer ce durcissement du pouvoir vénézuélien dans le contexte général de dégradation des conditions de vie de la masse de la population. Les améliorations attendues des différentes « missions », dans des domaines comme la santé, l’éducation et le logement se sont révélées largement illusoires ou éphémères ; la priorité donnée dans les marchés publics à des « coopératives » dirigées par des amis du pouvoir ont accru la précarité (voir à ce sujet l’interview réalisée il y a déjà 18 mois par Charles Reeve). Aujourd’hui, les pénuries d’électricité et d’eau se conjuguent aux effets de la dévaluation de janvier 2010 (le Venezuela importe plus de la moitié de ses produits alimentaires) pour rendre ces conditions de vie encore plus difficiles. Les gesticulations anti-américaines et les références au « marxisme » de Chavez ne les amélioreront pas, et il est à craindre que les mesures d’intimidation, jusqu’à l’assassinat, des protestataires sociaux ne fassent que s’amplifier.

J.M.K., 14 mars 2010

Voir aussi:

jeudi 18 mars 2010

Desjardins, la crise et l'équité salariale

La crise est belle et bien terminée pour le mouvement Desjardins. Pour bien marquer le coup, les médias nous apprenaient que le salaire de la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, a plus que doublé en 2009, atteignant 1,56 million $.

Dans une logique libérale, le salaire de la grande patronne de la coopérative financière, qui comprend un salaire de base de 851 367 $ et une «prime d'intéressement» de 706 234 $, est sans doute justifié dans la mesure où Desjardins annonce des «excédents avant ristournes» de 1,08 milliards $ en 2009.

Il n'empêche, 1,56 millions $, ça commence à faire beaucoup d'argent! Et pourtant... C'est moins que les 1,64 millions $ qu'a touché Alban D'Amours, le prédécesseur masculin de Madame Leroux, en 2007. C'est également moins que ce qu'ont touché en 2009 Louis Vachon (6,15 million $) et Réjean Robitaille (1,94 millions $), respectivement patrons de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne. Deux banques pourtant plus petites que Desjardins. (source)

Cette «injustice» a fait pondre un communiqué ironique à l'un des syndicats du mouvement Desjardins. Constatant que «le niveau de sa rémunération est nettement inférieur à celui de ses prédécesseurs et à celui des présidents d'autres institutions financières», la section locale 575 du SEPB dit «s'attendre à ce que Madame Leroux se sente plus interpelée par le dossier d'équité salariale actuellement en cours pour les employées de son entreprise puisqu'elle semble elle-même être victime de discrimination salariale».

«Nous sommes donc heureuses d'apprendre que le mouvement Desjardins a enregistré pour la dernière année des excédents record de 1,08 milliard ce qui nous permet de croire que nous obtiendrons finalement cette année, le règlement tant attendu du dossier d'équité salariale. Il est important de rappeler que ce dossier a été amorcé il y a déjà plus de 10 ans» ont déclarée les dirigeantes du syndicat, qui représente 3500 membres, à 85% des femmes, travaillant pour Desjardins.

Pour le syndicat, «il existe actuellement un problème important de rémunération chez Desjardins: un sérieux écart sépare les hauts dirigeants du mouvement de leurs employées». Le moins que l'on puisse dire c'est qu'à ce chapitre rien ne distingue la coopérative financière du reste de l'économie capitaliste... (source)

mercredi 17 mars 2010

L'émission de cette semaine est disponible en ligne.

Cette semaine:
- Les microbus
- Le code Rapaille
- Lucien Bouchard empile le cash public dans ses poches
- Départ du SPQ libre
- Entrevue avec Olivier Poulain du GLBT
- International: Le Texas fait du révisionnisme historique réactionnaire
- Des nouvelles de la police

Agenda
19 mars: «Femmes invisibles et indivisibles» à 19h sur la place des femmes autochtones au Québec, au Tam-Tam Café, 421 Boulevard Langelier (coin Charest).







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Voix de faits c'est l'émission de radio du Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec).

Actualité sociale, contre-culturelle et politique, info sur les luttes, coups de gueule et coups de cœur, ‘Voix de faits’ est la version radiophonique du blogue du même nom. Une autre façon d’occuper le terrain, d’exister politiquement. Une arme de plus dans les luttes sociales et politiques. Un point de ralliement dans la bataille des idées.

mardi 16 mars 2010

Révélations sur l'infiltration des milieux radicaux de Londres

Une affaire fait grand bruit en Grande-Bretagne en ce moment. Un ex-policier s'est confié aux médias sur son rôle en tant qu'agent infiltré dans le mouvement antifasciste radical an début des années 1990. Pas une infiltration brève, le temps d'une manif ou d'une opération rapide, non, une infiltration étalée sur 4 ans. Quatre ans à se battre contre les fafs et la police, à vivre 24h sur 24h, six jours par semaines au milieu de gauchistes sous une fausse identité.

Comme le but de l'opération n'était ni de démanteler le groupe, ni de ramasser des preuves pour un éventuel procès, les agents de la Special Demonstration Division pouvaient commettre tous les actes requis pour crédibiliser leur couverture (y compris être violent, consommer ou entretenir des relations «amoureuses»). À Londres seulement, une dizaine d'agents infiltraient les deux côtés de la lutte antifasciste (c'est-à-dire que les fafs aussi étaient infiltrés). Leur seul but était de permettre à la police d'avoir une longueur d'avance pour «prévenir la violence».

* * *

Il est réjouissant d'arriver à identifier des flics qui «infiltrent» des manifs mais il ne faudrait pas que ça créé un faux sentiment de sécurité. Personne n'est à l'abri de l'infiltration. «La police doit demander un mandat avant de mettre votre ligne sous écoute, ouvrir votre courrier ou vous placer en filature... par contre, la SDS peut mettre quelqu'un dans votre voiture, dans votre bureau ou même dans votre lit sans jamais demander de mandat ni que vous n'en n'ayez jamais connaissance,» dit «l'Agent A».

La lecture des articles du Guardian et le visionnement de la vidéo d'une dizaine de minute qui les accompagne (il s'agit d'un entretien avec le flic doublé d'images d'archives) est hautement recommandée.

=> Inside the lonely and violent world of the Yard's elite undercover unit
=> Undercover policeman reveals how he infiltrated UK's violent activists

...Mais c'est en anglais.

[vidéo] Des agents provocateurs se font expulser d'une manif



L'infiltration d'agents provocateurs dans une manifestation n'est pas toujours une réussite. On voit ici un bon groupe de policiers se faire démasquer puis expulser de la manifestation contre la brutalité policière à Montréal le 15 mars dernier. On ne saura jamais combien il y en avait au juste mais ça commence à faire beaucoup...

Pause kit-kat: Contre-culture à vendre



Ça circule déjà depuis le début du mois ici et là dans certains milieux (...et même sur des blogues de l'UCL!). Rien de neuf sous le soleil --la même réflexion existe à l'intérieur même de la contre-culture [ou du moins elle existait dans mon jeune temps]-- mais un bon rappel quand même. Matière à réflexion donc. À vous de voir si ça vaut le 7:30 investi dans l'écoute (je pense bien que oui).

Qui provoque qui?


Les deux hommes en noirs sont des policiers en pleine action lors de la manifestation d'hier contre la brutalité policière à Montréal. C'est à dire qu'ils sont en train d'arrêter un dangereux manifestant radical... Enfin, c'est ce que prétend le spin. Des flics cagoulés / masqués déguisé en black bloc qui arrêtent un manifestant à visage découvert en chemise. C'est à se demander qui protège qui de qui... Ou plutôt qui provoque qui.

(source: un certain média social)

dimanche 14 mars 2010

Le PQ expulse son club de gauche (SPQ-Libre)


Le Club politique «Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre» (SPQ-Libre) s'est fait montrer la porte en fin de semaine au P.Q. [cet article fait une bonne synthèse] C'est la fin d'une aventure pilotée par le directeur de l'Aut'Journal qui perd ainsi son pari d'arriver plus vite à faire quelque chose en squattant un grand parti qu'en militant dans un plus petit (QS). Témoignant de la main-mise de la chef sur le P.Q., aucun des appuis du SPQ-Libre dans l'aile parlementaire n'a levé le petit doigt.

Flashback

L'histoire du SPQ-Libre commence à l'Aut'Journal. Cette publication «ouvrière, indépendantiste et progressiste», issue d'un obscur groupe ML aujourd'hui dissout [enfin, c'est ce qu'on comprend de la suite...], a eu un comportement politique pour le moins erratique au fil des ans. Au début des années 1990, quand Parizeau reprend les rennes du P.Q. et lui (re)donne une twist un peu plus sociale-démocrate et souverainiste, l'Aut'Journal, qui était surtout connue comme une feuille syndicaliste, se met au service du P.Q. dans la joie et l'allégresse.

La défaite référendaire et l'arrivée de Bouchard change la donne. À ce moment, la publication se replie sur les causes sociales et syndicales. Elle appuie, sans succès, la cause de jeunes étudiants [Rebello, Tadros et cie] qui veulent faire inscrire la sociale-démocratie à l'article 1 du P.Q.. Devant l'échec pattant, l'Aut'Journal se lance dans l'action politique autonome. C'est le lancement d'une grande campagne pour le scrutin proportionnel et, ensuite, l'aventure du Rassemblement pour une alternative politique (RAP). Une candidature indépendante de Paul Cliche sous cette bannière fera perdre au P.Q. la circonscription montréalaise de Mercier lors d'une élection partielle. Dans la foulée, l'Aut'Journal appui de tout coeur les candidats du RAP et d'un petit parti de gauche, le PDS, lors de l'élection générale suivante. Ce sera un flop (un tout petit peu plus de 1% à la grandeur du Québec, seul Michel Chartrand fait bonne figure face à Lucien Bouchard, au Saguenay).

De ce flop, l'Aut'Journal tire la conclusion que, sans la proportionnelle (et l'indépendance!), la gauche n'a aucune chance. Il ne sera donc pas du processus d'unité de la gauche qui préside à la fusion entre le RAP et le PDS, pour donner l'Union des forces progressistes (UFP), puis entre l'UFP et une nouvelle force montante, Option citoyenne, qui donnera Québec Solidaire.

À la place, l'Aut'Journal propose une stratégie alternative: l'entrisme ouvert dans le P.Q.. Ce sera le club politique SPQ-Libre. Au début, le SPQ-Libre, qui était vu comme une bonne chose par la direction du P.Q. puisqu'il rabattait des syndicalistes vers le parti souverainiste et endiguait l'hémorragie de militantEs vers QS [perdre Amir Khadir, un ancien candidat bloquiste, c'était déjà bien assez!]. Il y eu même quelques victoires symboliques. Des has-been syndicalistes joignent les rangs (l'ex-président de la CSN, l'ex-présidente de la CSQ, l'ex-directeur québécois des TCA... et même quelques syndicalistes encore en fonction comme le président des cols bleus de Montréal ou l'actuel directeur québécois des TCA). Le «succès» est même palpable au sein du parti. Ainsi, la première présidente du SPQ-Libre (Monique Richard, ex de la CSQ) se fait élire à la présidence du P.Q. puis à l'assemblée nationale. Des têtes d'affiches du SPQ ont même le droit de se présenter au nom du parti dans des circonscriptions imprenables. En parallèle, des gens qui ont le «profil SPQ» se font élire à l'assemblée nationale (Curzi, ex-UDA, Girard, ex-FAECUM et ex-CSN, Rebello, ex-FEUQ, etc.).

L'ennui, c'est qu'on interdit au club d'avoir une influence réelle sur la politique du P.Q.. Et même quand les «syndicalistes et progressistes» convainquent la base d'adopter une position, la direction se donne le droit de la rejeter du revers de la main (ex.: Boisclair qui enterre l'idée de nationaliser l'éolien le lendemain de son adoption par le P.Q.!). Pire, alors que SPQ cherche à convaincre les syndicalistes de faire le saut et d'appuyer le P.Q., la direction elle, par populisme, casse du sucre sur le dos des syndicats ! Quand ce ne sont pas les soupers bien arrosés qui sont dénoncés par Boisclair, ce sont les demandes du secteur public qui sont jugées «un peu excessive» par Marois.

Malgré tout, le club persiste, publie des communiqués, fait connaître ses positions, critique la direction, etc. Et s'en est trop. La direction vient de leur montrer la porte, avec l'appui des instances, parce qu'ils refusaient de rentrer dans le rang.

La suite du monde...

La stratégie de l'Aut'Journal est un échec. Il n'y a pas de place au P.Q. pour une tendance de gauche organisée. Les syndicalistes et les militantEs des autres mouvements sociaux doivent en prendre bonne note. Le P.Q., c'est pas nos amis! S'ils veulent bien de la gauche sociale, c'est à condition qu'elle reste dans le placard. Une hypothèque sur l'autonomie des mouvements sociaux vient d'être levée. Pas sur que ça va changer grand chose sur le spin péquiste en campagne électorale mais bon. Notons tout de même que, dans un communiqué, le directeur québécois des TCA rappelait qu'il avait été le seul v.p. de la FTQ a soutenir l'idée de supporter le P.Q. lors de la dernière campagne électorale. Ça augure bien. La prochaine fois y'en aura peut-être pas du tout.

Comme disait l'autre: ne comptons que sur nos propres moyens.

Et, juste pour faire plaisir à Pierre Dubuc, «Parti Québécois, parti bourgeois!»

M-à-j: Selon cet article du Devoir, Monique Richard c'est opposée à l'expulsion du SPQ-Libre lors du débat à l'exécutif du parti. Elle a déclaré au Devoir: «Je prends acte de la décision et c'est tout. J'ai fait valoir mon point de vue au caucus et je vais arrêter cela maintenant.»

samedi 13 mars 2010

Jean Ferrat nous quitte


Jean Ferrat, chanteur humaniste engagé, s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 79 ans.

Si votre grand-mère se souvient les yeux dans l'eau de la chanson "La montagne", ode au terroir et à la France paysanne, peu de gens au Québec saisissent bien l'étendue de son engagement politique.

C'est en 1963 avec l'album "Nuit et brouillard", qui évoque la déportation, que sa carrière connait un vif succès. Les radios étaient pourtant dissuadées de diffuser la pièce titre.

Proche du parti communiste tout en prenant ses distances de l'URSS, il participe activement aux émeutes de 68. Lui et plusieurs camarades, dont Dominique Grange, chantent pour les ouvriers dans les usines en grève.

En 1991, il sort l'album "Dans la jungle ou dans le zoo". Il illustre à nouveau la face politique de son œuvre en évoquant le monde capitaliste (la jungle) et le monde communiste (le zoo).



En voici un extrait:
"Ainsi donc ainsi donc
Il n'y aurait plus rien à voir
Circulez mais circulez donc
Ainsi finirait notre histoire
Sous le poids des malédictions
Ainsi donc ainsi donc
Faudrait faire amende honorable
Raser les murs courber le dos
Se résigner au pitoyable
Errer de goulags en ghettos
Tout ne serait que simulacre
Toute espérance sans lendemain
Rien ne servirait de se battre
Pour un monde à visage humain
Il faudrait brûler tous les livres
Redevenir des animaux
Sans avoir d'autre choix pour vivre
Que dans la jungle ou dans le zoo"


Si on peut grimacer face à la naïveté d'une chanson comme "Cuba si" ou "Les guérilleros", toutes deux composées lors d'un voyage à Cuba en 1967, on se doit de souligner l'incroyable lucidité de l'ensemble de son oeuvre jusqu'à la fin.

Sa dernière lutte, en 2001, était dirigé contre les médias qui s'acharnent à présenter des artistes mièvres comme des chefs d'oeuvre. Selon lui, ces médias excluent volontairement de nombreux artistes français au profit d'une variété commerciale.

Alors adieu a toi Jean Ferrat et soit certain que ton combat, on le reprendra.

Sources:
rfimusique.com
fr.wikipedia.org

Que fait la gauche palestinienne ?

Un dossier spécial tiré du numéro de février 2010 du mensuel Alternative libertaire

Un an après l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza et ses 1.400 victimes, la situation de la population palestinienne reste dramatique. Alors qu’un rapport de l’Onu confirme que Tsahal s’est livré à des crimes de guerre en janvier 2009, les dirigeants israéliens ne font pas profil bas. Netanyaou refuse toujours un gel des colonies, Barack Obama laisse les mains libres à l’État sioniste, et la perspective d’une nouvelle guerre, voire d’une réoccupation de Gaza ne sont pas à exclure. La solidarité s’impose. À l’appel de la société palestinienne, les anticolonialistes du monde se mobilisent au sein de la campagne Boycott Désinvestissement et Sanction (BDS).

Mais en palestine, où en est la résistance ? Les médias ne cessent de diaboliser le Hamas, justifiant ainsi toutes les exactions israéliennes. Pourtant le Hamas et le Fatah ne sont pas seuls à s’opposer à Israël. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), d’influence marxiste, n’a jamais reconnu ni Israël ni les accords d’Oslo et n’a jamais renoncé à la lutte pour la libération de la Palestine.

Pourquoi les forces progressistes et laïques palestiniennes ne sont-elles pas en mesure d’incarner l’espoir auprès de la population ? Où en est la gauche palestiniennes dans son ensemble ? Comment se porte le mouvement populaire palestinien ? Pourquoi les mouvements sociaux dans les Territoires occupés sont-ils à ce point dans le creux de la vague ?

Autant de questions à se poser avant la prochaine Intifada.

Au sommaire du «Dossier Palestine»:



Un dossier coordonné par Nicolas Pasadena (AL 77), Cuervo (AL 95) et Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)

vendredi 12 mars 2010

Paye...ou crève !

C'est ce qu'a décidé le conseil municipal de Tracy, une ville en Californie. Les personnes devant bénéficier d'un transport ambulancier d'urgence devront payer la coquette somme de 300$, pour chaque appel fait au service 9-1-1.

Cette somme servira en fait à payer les pompiers, qui agissent en tant que premiers répondants, en attendant l'arrivée des ambulanciers. Le conseil municipal souhaite ainsi amasser environ 500 000$ par année, afin de combler son déficit.

Le plus ironique là-dedans, c'est qu'il n'y aura pas frais à payer si la personne décède ! Autant crever (voire même agoniser) si on est pauvres, tant à qu'y être !

Source: http://www.cyberpresse.ca/international/correspondants/201003/11/01-4259481-le-911-a-300-lappel.php

jeudi 11 mars 2010

La main dans le sac...

Ça aurais pu s'appeler «l'assiette au beurre» ou encore «look who's talking». Anyway, voici un petit coup de gueule de nos amis de l'autre bord de la 20.

Bouchard de mar…!

Lucien Bouchard, le vieux conservateur en canne, aurait reçu plus de 2,7 millions de dollars de l'UQAM pour ses services de négociateur dans le dossier de l'Ilot voyageur. Celui qui affirme que les Québécois et les Québécoises ne travaillent pas assez, alors qu'ils n'ont jamais travaillé autant, et que les étudiant-e-s devraient doubler, voire tripler leur frais de scolarité, semble parfaitement confortable dans la position du moraliste millionnaire et ne voit absolument aucune indécence à faire la leçon à ceux et celles qui ne gagnent pas le centième de son salaire.

Ajoutons que l'ancien « Cheuf » des bleus ne semble pas trop se tuer à l'ouvrage puisque le dossier qu'il a en main depuis trois ans n'est toujours pas réglé. Môsieur Bouchard serait-il plus performant dans son costume de moraliste que dans celui d'avocat ?

mercredi 10 mars 2010

Arrêter le pillage au Chili: re-nationaliser le Cuivre!

José Antonio Gutiérrez, anarcho-communiste du Chili, examine les possibilités de trouver les fonds --estimés à 30 milliards $US-- pour la reconstruction sans passer par l'endettement international.

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Après le tremblement de terre, le Chili confronte une énorme et difficile tâche. On estime que la reconstruction du pays coûtera quelques U$ 30.000.000.000 -une somme énorme- devant laquelle la présidente Bachelet a posé la nécessité de demander une ligne de crédit à la Banque Mondiale. Avant de nous enfouir dans un cercle d´enfer d´enttement avec ces organisations financières internationales, avec lesquelles très probablement nous terminerons avec un paiement dix fois plus que les montants originaux octroyés, grâce à des taux d´intérêt d´usure, il est indispensable d´étudier les moyens afin que la majeure partie des fonds pour la reconstruction proviennent du pays même et qu´on minimise le plus que possible la dépendance en ce qui a trait aux crédits et prêts étrangers.

Je crois qu´il est important, durant ces moments de commotion, de porter attention au rôle que peut jouer le Cuivre dans la recosntruction du Chili. Ce minéral a déjà apporté un fonds de réserve de U$ 18.000.000.000 qui pourra être utilisé dans les tâches d´émergence et de reconstruction.

C´est pour celà que j´appuie avec enthousiasme la campagne contre le pillage entreprise tous les jours par les médias (favorisant l´hystérie des masses) et par les membres huppés de "l´establishment" créole: mais au lieu de faire tant de bruit pour le pillage des supermarchés et des maisons de commerce, je crois qu´il est réellement important de porter notre attention sur le pillage systématique, silencieux et multi-millionaire que les grandes entreprises minières réalisent sur ce qu´on appelle "Poutre Centrale" de l´économie chilienne, les mines de cuivre.

La participation du cuivre dans la production nationale de la part de la CODELCO est presque de 28% pour l´année 2007. Cependant, cette entreprise a rapporté plus de U$ 21.000.000.000 au fisc depuis 2005; l´apport de toutes les transnationales qui contrôlent le gros de la production, cependant, n´a pas dépassé le maigre montant de U$ 5.000.000.000...¿n´est-ce pas le cas d´un énorme pillage à vue d´oeil et face à la patience de tout le peuple, avec la complicité des entrepreneurs et la classe politique.

Durant seulement le gouvernement de Michelle Bachelet, les entreprises transnationales minières du Cuivre ont empoché U$ 70.000.000.000 moyennant toutes sortes de duperies pour ne pas payer d´impôt et ce n´est que récememnt qu´elles ont commencé à payer une espèce de royalty complètement ridicule. Durant des décades elles ont volé au peuple chilien sa principale ressource, le cuivre, sans aucune honte. Ce sont ces voleurs qui me préoccupent, et ce sont ces voleurs qui dérangent tout le pays.

Mais ils ne sont pas les seuls qui volent ce qui appartient au peuple. L´armée, qui présentement se pose en gardien du bien-être commun, a passé des décades volant tout le pays à travers un impôt de 10% sur les ventes du Cuivre qui va directement dans leurs coffres. Ce traitement privilégié doit prendre fin dans le plus bref délai et ces fonds doivent êtrer remis à des institutions qui apportent des bénéfices au peuple.

Quand nous révisons ces chiffres nous nous rendons compte qui sont les véritables voleurs au Chili. Si nous arrêtons ce pillage, le pays pourra avoir des fonds suffisants pour sa reconstruction sans la nécessité de s´endetter avec des institutions usurières qui continueront à piller le peuple chilien à travers l´endettement.

C´est pour ces raisons que les organisations populaires doivent faire pression pour obtenir deux mesures urgentes que les classes dominantes n´ont jamais appliquées dans ce pays, car ou bien elles bénéficient de ce pillage, ou elles n´ont ni courage ni intérêt pour l´arrêter.

1. Re-nationalisation du Cuivre;
2. Mettre fin aux 10% des ventes du Cuivre qui bénéficient aux Forces Armées.

Pour celà nous effectuons une ample invitation pour arrêter le pillage honteux au Chili. C´est la tâche de l´ensemble du peuple.

José Antonio Gutiérrez D.
05-03-10


Source

lundi 8 mars 2010

Cause commune no 27

Le numéro 27 de Cause commune, le journal de l'Union communiste libertaire (UCL), est maintenant disponible sur le web.

3500 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantes et des militants libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Vous pouvez soumettre un texte ou nous faire part de vos commentaires en écrivant à journal@causecommune.net. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de l’UCL le plus près de chez-vous (voir la liste sur http://www.causecommune.net).

Au sommaire du numéro 27 :

Ramassage des poubelles: l'arbitre ne tranche pas

Le syndicat des cols bleus de Québec a perdu une manche dans le dossier de la privatisation du ramassage des poubelles à Québec. En effet, l'arbitre qui devait statuer sur leur grief a refusé de trancher la question. Tout simplement parce que la question ne se pose pas encore, selon lui.

Rappelons que les cols bleus attaquaient la décision de la Ville de privatiser entièrement la collecte des matières résiduelles [c'est beau la langue de bois!] à Québec sur la base d'un article de leur convention collective leur garantissant un plancher d'emploi et d'heures travaillées. Leur raisonnement est simple: si on donne un service au privé, il va y avoir perte d'emploi. Pour l'arbitre, ce n'est pas si simple et il leur dit en gros: vous ferez un grief quand vous pourrez prouver qu'il y a eu perte d'emploi...

À la Ville on prétend garantir que la quarantaine de permanents vont être affecté ailleurs. Et les occasionnels? «On va les traiter au cas par cas. Quand on regarde le nombre d'employés qui partent à la retraite, je ne suis pas inquiet pour eux. S'il s veulent travailler à la Ville, ils vont travailler. On va tenir compte de leur ancienneté,» a dit Richard Côté, responsable des relations de travail au comité exécutif, au journaliste du Soleil.

Le syndicat regarde ses options et va peut-être contesté la décision. Il n'empêche, le moyen employé était un peu tordu et légaliste. En effet, le fond de l'affaire est politique et aurais du le demeurer. La vraie question c'est de savoir s'il est sage de confier l'ensemble de la collecte des ordures au privé. Et, d'ailleurs, c'est de ça dont parlait la propagande du syndicat.

Question: le syndicat aurait-il pu, comme ça c'est vu entre autre dans le cas de l'entretien du transport en commun à Longueuil, soumissionner pour faire la job à l'interne sous contrôle syndical? Existe-t-il une troisième voie entre la bureaucratie publique et la bureaucratie privée?

Source

dimanche 7 mars 2010

Le Chili et Haïti après les tremblements de terre : si différents et si semblables...

José Antonio Gutiérrez, anarcho-communiste du Chili, examine les effets, les différences et les similitudes des récents tremblements de terre survenus à Haïti et dans sont propre pays.

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I

Le Chili a été une fois de plus secoué par un tremblement de terre de magnitudes apocalyptiques, comme pour les tremblements de terre de 1938, de 1960 y de 1985. Avec la précision d’une montre suisse, le centre-sud du pays a été frappé tous les 25 ans par un mouvement sismique infligeant au pays une forte commotion. Le tremblement de terre qui avons vu le 27 février a été un des plus forts de ceux enregistrés dans toute l’histoire : 8,8 degrés sur l’échelle de Richter, 9 sur celle de Mercalli.

L’angoisse de ne rien savoir des personnes que nous aimons, de ne pas pouvoir communiquer avec elles, a suivi la destruction, l’absence d’informations et la mort ou la disparition de nombreuses personnes. L’impuissance est une ombre qui pèse sur le cœur. Le comptage des morts atteint déjà plus de 700 ; certains disent qu’on peut s’attendre à un chiffre final de 2.000 environ dès qu’on aura un tableau complet des dévastations. On ne sait encore rien des nombreuses provinces touchées dans les régions du Maule et de Bío Bío. Quand on enregistrait le chiffre de 300 morts, on a appris que le tsunami de Constitution avait causé le décès de quelques 350 habitants, ce qui a doublé le chiffre des morts. On sait que d’autres localités ont été également affectées par des tsunamis mais on ignore toujours la magnitude des dégâts causés.

Les séquelles que ce tremblement de terre va laisser sur le peuple chilien sont terribles. On estime qu’il y a, en ce moment, 2.000.0000 de personnes qui ont perdu leurs foyers et qui sont littéralement dans la rue. Nous nous référons à plus de 10% de la population, ce qui donne une idée de la tâche titanesque de reconstruction qu’il va falloir affronter.

II

on a beaucoup parlé des différences entre le Chili et Haïti, parce que le tremblement de terre dans la république sœur de la Caraïbe a atteint une quantité bien supérieure de morts (300.000) et des dégâts, tant en termes absolus que relatifs, bien plus importants. On a parlé de raisons géologiques et sismologiques, comme la plus forte profondeur de l’épicentre et l’aire où il a eu lieu, et elles ont, bien entendu, joué un rôle très claire. Mais surtout il faut chercher dans les raisons politiques, économiques et sociales l’explication du pourquoi un tremblement de terre de plus grande magnitude au Chili a eu un impact bien inférieur.

Il est certain que le Chili est un pays difficilement comparable à Haïti : il a une infrastructure très supérieur, une économie bien moins dépendante et moins atrophiée que la haïtienne (alors que Haïti est un cas extrême dans le contexte latino Amérique, le Chili jouit d’un demi siècle d’expériences de développement national avec des conséquences jusqu’à aujourd’hui) et une capacité de réponse institutionnelle face aux catastrophes naturelles, bien plus forte. La misère au Chili n’atteint pas des niveaux aussi sordides qu’à Haïti où la population des banlieues des villes doit faire usage de galettes de boue pour apaiser sa faim. Évidemment rien de cela n’est dû à une inexistante “supériorité” chilienne, que le chauvinisme créole exhibe à l’aide de comparaisons aussi fallacieuses que odieuses (le chilien est plus travailleur, est plus ingénieux, est plus comme ci et est plus comme ça), mais cela provient principalement des histoires différentes des deux républiques -histoires qui sont divergentes même à l’époque coloniale, outre le fait que le Chili n’a pas été transformé en un pays plantation ou un pays d’assemblage de pièces (maquila), et n’a pas été directement occupé et pillé par les USA. Le Chili, de plus, est un pays ayant une longue histoire de mouvements sismiques, ce qui lui donnait “un avantage” sur Haïti.

III

Ceci étant, on parle peu des similitudes. La plus visible est le fait que ceux qui souffrent le plus ce sont les pauvres. Même si un tremblement de terre touche tout le monde de façon égale, les uns sont mieux préparés que d’autres à recevoir le séisme et à combattre les difficultés qui surviennent ensuite. Le Chili n’a pas été une exception à cette règle et les secteurs les plus affectés sont les quartiers populaires, les maisons en torchis ; d’autre part, nous avons appris par des témoignages fiables, que l’aide est arrivée tard et de manière insuffisante dans les zones populaires qui n’ont fait l’objet d’aucune priorité pour personne, encore que ce sont les secteurs où devrait être concentrée l’aide, étant donné leur précarité.

Nouvel élément, une grande partie de la dévastation est due à une infrastructure inadaptée. Á la suite d’une forte expérience sismique et du fait que la moitié du pays a été démoli en 1985, une certaine conscience s’est fait jour de création d’infrastructure pouvant supporter les secousses d’une zone d’activité tectonique comme celle du Chili. Néanmoins, vers 1985, la Concertation des partis politiques, qui a continué à approfondir le néfaste modèle néo libéral hérité de la dictature, a entamé la privatisation et l’externalisation d’entreprises de travaux publics -nombre d’entre elles transnationales, qui ne répondront jamais pour les ponts, les autoroutes et les routes détruits qui ont immobilisé le pays et ont laissé des milliers de personnes dans le désarroi, alors qu’elles voyageaient. Il faut souligner que beaucoup de chantiers faits par le MOP [ministère des travaux publics] il y a des décennies sont toujours debout, alors que des routes coûteuses construites il y a à peine quelques années, pour lesquelles on a payé des péages excessifs, se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Je peux donner un témoignage personnel de la raison de la fragilité de ces travaux de voirie : aux débuts de 2003 j’ai travaillé au « by pass » [bretelle d’autoroute] de Rancagua, dans le secteur Doñihue. Lorsque le géologue recommandait de creuser 1,80 mètres, 2 mètres sur certains tronçons à cause de l’instabilité du terrain, pour amoindrir les coûts, on donnait l’ordre au conducteur de la retro excavatrice (appelée la boucle) de ne pas baisser au-delà de 30 centimètres. Nous savions que ces chemins ne dureraient pas plus de dix ans. Maintenant le tremblement de terre va être une très opportune excuse pour expliquer sa destruction, mais le fait que l’infrastructure publique demeure intacte, alors que l’infrastructure privée s’écroule en morceau, est un fait incontestable.

on peut en dire autant des logements : depuis la fin des années 1990, avec les scandales des maisons COPEVA, qui au bout de quelques mois commençaient à se fissurer, se casser et prendre l’eau, au point que leurs propriétaires devaient les couvrir de plastic pour passer l’hiver (nombre d’entre elles furent purement et simplement démolies peu après), il est évident que la politique du logement (anti) social de ce pays -et de l’habitat en général- est uniquement un business pour les capitalistes de l’immobilier. Une affaire, en outre, facilitée par toute une série de corruptions et de négligences au sein même des gouvernements de la Concertation, dont certains personnages ont directement participé à ces affaires si lucratives. Rappelons que le scandale de COPEVA porte le nom d’un ex ministre de l’Intérieur démocrate-chrétien, Pérez Yoma. Nous voyons aujourd’hui de nombreuses constructions modernes, beaucoup d’ensembles d’habitats pour des gens ayant fait de grands sacrifices pour obtenir le “rêve d’une maison à soi”, en pièces sur le sol, avec de graves cassures structurelles graves qui les rendent inhabitables. Le cas le plus dramatique est celui de l’immeuble de 15 étages à Conception qui s’est abattu avec environ une centaine de personnes à l’intérieur. Un édifice neuf, avec encore des appartements en vente. Il est vrai qu’un tremblement de terre si puissant entraîne toujours des dommages et que ne pourra jamais en faire assez pour éviter des victimes ; mais il est injustifiable que ce soient précisément les travaux les plus modernes qui aient subi les plus de dégâts.

Comme à Haïti, il est probable qu’aucun capitaliste n’ait jamais à répondre de ces actes criminels. C’est pourquoi il est nécessaire que le peuple se mobilise et exige la justice, car la politique de privatisation des travaux publics, immobiliers et de voirie est une politique ouvertement criminelle, comme le démontre ce tremblement de terre. Il y a ici des responsables et si le peuple n’exige pas une réponse pour ces dommages, il ne l’aura jamais.

IV

Une autre similitude avec Haïti c’est la réponse par la répression et la militarisation de la réponse humanitaire. Encore que dans les deux cas elles soient évidemment différentes (à Haïti la militarisation humanitaire a approfondi l’occupation du pays et a livré une importante enclave géo stratégique aux États-Unis, ce qui acquiert tout son sens dans son plan de militarisation de la région des Caraïbes et de la recomposition hégémonique en Amérique Latine), dans les deux cas on a joué avec l’hystérie face aux “pillards” pour justifier une présence de forces protégeant les intérêts de la clase de l’élite.

À Conception, durant un jour et demi, de nombreuses personnes n’ont eu aucune sorte d’aide. Cela est surtout valable dans les quartiers populaires où jusqu’à la date de ce message peu ou rien n’est arrivé. Face au désespoir, le peuple applique simplement l’impulsion la plus élémentaire de l’être humain, celui de la conservation. Le peuple est entré dans les super marchés, les stations service, les pharmacies, pour se pourvoir des éléments et des articles les plus basiques pour nourrir leurs familles. Ou bien aurions-nous dû attendre que le peuple demeure les bras croisés, endurant la fatigue, la faim et la soif, alors que les super marchés regorgeaient de produits ? C’est vraiment le peuple à l’état pur, les gens ordinaires, les mères, pères, jeunes qui arrachaient des paquets de lait, de riz, avec ce qu’ils pouvaient récupérer.

“Pillage” ont crié les autorités pour diaboliser la juste demande du droit à vivre, à manger, à calmer la soif, à soigner ses enfants. Elles ont déformé l’histoire au point que, selon elles, les “pillards” n’avaient aucun besoin, car ils volaient exclusivement des articles somptuaires, électroniques ou des CD et des DVD, alors que la vérité est tout autre. Il a suffi, enfin, qu’on touche à une ou deux banques pour que l’hystérie soit complète. “Lumpen” ont crié à nouveau les autorités, pour déshumaniser le peuple affamé et dans le besoin, car ce mot vague justifie depuis toujours l’assassinat policier. À l’époque de Pinochet on les appelait “humanoïdes” -le terme change, la logique politique répressive se maintient.

Le même “lumpen” de La Nouvelle Orléans, de Port-au-Prince apparaît maintenant dans les rues de Conception, et dès le premier moment le président élu Sebastián Piñera, avec ses partisans dans les gouvernements locaux, comme la docteur Van Rysselberghe à Conception, se sont scandalisés du peu de respect de la part des pouilleux de la propriété des grandes chaînes de super marchés. Et alors que l’aide tardait à arriver, il n’y eut aucun problème pour mobiliser quelques milliers de trouffions pour assurer la loi martiale à Conception. Lors que l’eau n’arrivait pas aux bouches assoiffées, on n’a pas fait de demi-mesure pour remplir les réservoirs des camions à eau pour réprimer le “lumpen” qui “pillait” les “honnêtes” commerçants comme Lider (Wal Mart) et Santa Isabel. Le gouvernement a décrété l’état de siège et le couvre feu, en se faisant écho de la droite politique et des grands entrepreneurs et des commerçants qui, tout en ouvrant bien grande la bouche en parlant de “solidarité”, ne sont pas capables de mettre quelques paquets de riz dans leurs super marchés à la disposition du peuple. Ce recours à l’armée n’a pas été fait depuis 1987 -pour ceux qui auraient une mauvaise mémoire, depuis l’époque de la dictature. Cela démontre que des habitudes autoritaires n’ont pas disparu après des décennies de “démocratie surveillée”.

Les citoyens bien sous tous rapports doivent faire la queue, souffrir de la faim et de la soif et endurer les pleurs de leurs enfants. L’ordre a été réinstauré grâces aux bottes militaires La grande propriété privée est redevenue intouchable.

C’est dans ces moments de crise que le système montre réellement son visage. Et à Conception, comme à Port-au-Prince, il l’a montré dans toute sa cruauté : la propriété des capitalistes est plus importante que la vie et le bien-être de centaines de milliers de personnes dans le besoin. Ce n’est pas un hasard qu’on ajoute si souvent au capitalisme le terme de “sauvage”.

V

Mais Haïti et le Chili se ressemblent aussi, car face à la nécessité on a vu surgir cet instinct essentiel d’entraide qui permet au peuple de survivre, d’avancer et de devenir acteur de plein droit devant l’Histoire. C’est aux secteurs populaires de développer ces tendances à l’organisation du peuple, à la solidarité, pour qu’elles s’approfondissent et dépassent la simple survie. Afin qu’elles puissent constituer une société différente, une société solidaire, una société libertaire, qui abandonne le poids pesant de l’individualisme imposé par le modèle néo libéral féroce appliqué par la dictature et approfondit par la “démocratie surveillée”.

Parmi les multiples messages de solidarité d’amis et de camarades dans ces moments si angoissants, je veux mettre en avant les nombreux messages solidaires que j’ai reçus de frères haïtiens. Au milieu de la douleur qu’eux-mêmes transcendent, ils gardent un moment pour être solidaires de la douleur du peuple chilien. Nous avons fait nôtre leur douleur, et aujourd’hui ils font leur notre douleur.

Un camarade de Grandans m’écrivait ce même samedi [jour du séisme] : “Cher José Antonio, Je te remercie de tes efforts de solidarité envers le peuple haïtien. Aujourd’hui je me sens plus touché par le violent et terrible tremblement de terre au Chili. Je souhaite que ta famille soit saine après un tel séisme et que ton pays se relève vite. Le peu de choses que Nous avons est prêt à être partagé avec vous, si besoin est. À bientôt, Maxime Roumer”.

De tels messages me rappellent que la solidarité est la tendresse des peuples.

José Antonio Gutiérrez D. 1 mars 2010

Source: Anarkismo

De la visite sud-africaine à Montréal

Pour les gens de Montréal, une activité qui risque fort d'être intéressante (tiré du blogue La Commune).

Black Flame tour-Conférence montréalaise avec l'auteur Michael Schmidt.

L'UCL-Montréal vous convie à une conférence de l'auteur sud-africain Michael Schmidt qui présentera son livre Black Flame: The Revolutionary Class Politics of Anarchism and Syndicalism. La tournée ontarienne organisée par nos camarades de Common Cause s'arrêtera pour une seule conférence au Québec. La conférence montréalaise organisée par l'UCL aura lieu vendredi le 19 mars. Nous aurons plus de détails à vous fournir dans les prochains jours. Inscrivez donc cette soirée dès maintenant à votre agenda...

South African writer and activist Michael Schmidt, co-author of “Black Flame: The Revolutionary Class Politics of Anarchism and Syndicalism” will be in several Ontario cities between March 15 and March 21 to promote and discuss this important new book on the global history of anarchist movements and ideas. The tour, organized by Common Cause with support from AK Press and several local sponsors, is scheduled to pass through the following cities listed below.
To promote the tour Common Cause has also produced a short video which can be seen here and set up a Facebook page. Copies of "Black Flame" will be available for purchase at each tour stop.


Common Cause a aussi produit un petit vidéo pour faire la promo de la tournée.


jeudi 4 mars 2010

CKIA remporte les honneurs

Nous vous disions hier à l'émission que notre station de radio était en lice pour le Prix Égalité 2010 remis par la Ministre de la Culture, des communications et de la condition féminine. Et bien c'est fait, la station a gagné!

La gala de remise des prix était présenté le 3 mars au Capitole de Québec. L'émission Égalité : Genre Féminin, une émission sur le monde de l'immigration au féminin à Québec, a permis à CKIA de remporter les honneurs dans la catégorie « Modèles et comportements égalitaires ».

Un communiqué émis pour l'occasion souligne que «l’équipe d’Égalité : Genre Féminin est très consciente que la réussite de ce projet est intimement liée à l’implication des femmes, groupes et partenaires qui ont contribué à ce succès et avec qui nous pourrons vous offrir une deuxième saison haute en couleurs, et une troisième saison tout aussi enrichissante».

CKIA et l’équipe d’Égalité : Genre Féminin vous invitent à venir célébrer ça le 8 mars 2010, à 17h, au Café Babylone (181, rue Saint-Vallier Est). L’émission y sera enregistrée en direct à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

Avec les compliments et les félicitations de l'équipe de Voix de faits.

mercredi 3 mars 2010

Voix de faits dans tes oreilles

L'émission de cette semaine est disponible en ligne.

Cette semaine:
- Développement dans le cas du SLAPP sur Écosociété
- 3e édition des Nouveaux Cahiers du Socialisme
- PPP dans la correction des épreuves de français
- Assemblée Générale de la TELUQ: Une claque sur la FEUQ
- L'historique du 8 mars
- Les femmes iraniennes lancent un appel international
- Les Conservateurs font disparaitres les gais du document d'immigration
- États-Unis: Armes a feu et avortement

Agenda:
- Samedi: Sacoche et Mailloche IV dès 19h a l'Agitée
- Lundi: 5 a 6 au Café Babylone, émission spéciale pour la journée des femmes.
- Lundi : Marche féministe festive 18hrs rassemblement à l'église St-Sauveur, rue des Oblats
- 17 mars: La domination masculine à 18h. C'est gratuit mais il faut s'inscrire au (418) 522-5139
- 19 mars: «Femmes invisibles et indivisibles» à 19h sur la place des femmes autochtones au Québec, au Tam-Tam Café, 421 Boulevard Langelier (coin Charest).






3657-1-vdf3mars2010.mp3

Voix de faits c'est l'émission de radio du Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec).

Actualité sociale, contre-culturelle et politique, info sur les luttes, coups de gueule et coups de cœur, ‘Voix de faits’ est la version radiophonique du blogue du même nom. Une autre façon d’occuper le terrain, d’exister politiquement. Une arme de plus dans les luttes sociales et politiques. Un point de ralliement dans la bataille des idées.