samedi 7 mai 2011

Un extrait de Cause commune...

Amorce de réflexion sur la conjoncture générale et nos responsabilités militantes dans le contexte. Ça a été écris pour le 1er mai, donc avant l'élection, mais comme rien n'a changé radicalement, ça reste pertinent...
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On n'est pas (assez) organisé-e-s!

« Une époque qui n’a pas de souffle a mauvaise haleine »
- Stanisław Jerzy Lec
Attaques en règle contre le peuple, vie chère, hausse de frais de scolarité, répression, antiféminisme, antisyndicalisme, haine du pauvre et du gauchiste, arrogance des élites, corruption, dépenses luxueuses et militaires. Les conditions objectives, comme disent les anciennes et les anciens, sont toutes réunies pour une révolte mémorable. Qu'est-ce qui cloche?

La gauche a beau être syndiquée, associationisée, groupepopularisée, parfois même fédérée, coalisée, alliancée et même révoltée, les patrons et les gouvernements en font à leurs têtes. Il suffit qu'un clown se présente au micro – Éric Duhaime par exemple – pour que nos mobilisations soient ridiculisées, nos demandes ringardisées, nos propositions balayées du revers de la main. C'est peut-être l'heure des comptes, mais tant qu'on ne sera pas mieux organisé-e-s, on va nous envoyer promener avec nos pancartes.

S'il y a une leçon que l'on peut tirer de 200 ans de luttes ouvrières, ce que nous célébrons en cette « Journée internationale des travailleuses et des travailleurs », c'est que le peuple n'a jamais rien obtenu « gracieusement ». Ce n'est pas de bonté de coeur que les élites nous ont concédé les quelques droits dont nous jouissons encore. Il a fallu s'organiser et lutter pour.

Construire un rapport de forces

En cette heure morose pour les mouvements sociaux, il y a quand même quelques bonnes éclaircies – des poches de résistance – ici et là. Pour activer et dynamiser les énergies qui dorment, on part où ?

Notre première responsabilité est de souffler sur les braises : renforcer les pôles de combativité, et par la base. Ça peut vouloir dire participer aux comités de mobilisation, en créer quand il n'y en a pas, organiser des actions et appuyer celles des autres. Passer des tracts, parler au monde : se mettre en mouvement.

Ça veut aussi dire susciter des alliances, participer aux instances régionales, renforcer les pôles combatifs comme l'ASSÉ ou les coalitions qui se bougent. Bref : créer les conditions pour aller toujours un peu plus loin.

Audace, inventivité et politique

Est-ce suffisant? Oui... et non. Les bonnes vieilles « règles » de la construction de rapports de forces restent limitées. Pour donner du souffle et de la chaleur à un mouvement, il faut un peu plus.

L’audace n’est jamais de trop : savoir oser, prendre des initiatives, sortir des habitudes et d’une certaine complaisance, voilà qui ne peut faire de torts à la force et l’enthousiasme d’un mouvement. Pas besoin d'atteindre une masse critique imposante avant de se mettre en action. Si rien ne remplace complètement la force du nombre, l'imagination peut souvent compenser. La créativité joue à cet égard un rôle catalyseur en surprenant le discours et les stratégies des parvenu-e-s qui nous dominent. L’humour subversif par exemple, en mettant à nu les relations de pouvoir et le grotesque de certaines rhétoriques, participe à la prise de conscience tout en mettant à mal les principes et mécanismes qui rythment notre quotidien. Qui a dit que les actions festives ne pouvaient être qu’inoffensives ?

Mais ce n’est pas tout. Certain-e-s argueront qu'il manque également la dimension proprement politique. Pour nous, la lutte, l'autonomie, l'auto-organisation c'est éminem­ment politique.

Cependant, si on veut espérer un jour ne plus avoir à se battre contre le capitalisme pour garder notre dignité et un peu de justice sociale, on a besoin d'inscrire ces luttes dans un projet plus large de changement de la société. Celui qu'on défend est basé sur l'autogestion et la démocratie directe. Nous défendons une perspective ouvertement égalitaire, combative et radicale, qui s'attarde aux racines des problèmes sociaux. Nous voulons rompre l'isolement des pensées révolutionnaires ; nous former afin d’avoir une prise sur le réel ; renforcer les luttes et le pôle libertaire en leur sein.

Si, comme nous, vous pensez que cette pratique mérite d'être défendue et approfondie, si vous vous prenez à rêver d'une gauche libertaire active, large et ouverte, alors nous vous invitons à venir nous jaser, à prendre contact et à vous organiser avec nous dans l'UCL !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que des décennies de propagande, ainsi que le relatif confort de la classe moyenne a endormi le peuple.

Espérons que le réveille soit brutale.

Anonyme a dit…

Bof... On a pas besoin d'espérer qu'il soit brutal puisque c'est la seule issus. Ils ne se réveilleront pas tant qu'ils ne seront pas confrontés à la brutalité justement. La brutalité de crever de faim...